Comparée aux atrocités commises au jour le jour sur les fronts de guerre en Ukraine et à Gaza, la saga autour de l’interdiction de la mendicité est indigne et honteuse. Il faut parfois placer nos problèmes de Lux(e) dans un contexte plus global afin de mesurer la chance de vivre en paix et dans un environnement prospère. Il existe toutefois un «mais». Un «mais» qui est de taille. Car, le riche Grand-Duché n’est pas capable de tacler la pauvreté, qui guette près d’un cinquième de sa population, dont près de 30 000 enfants.
CSV et DP se sont vantés, au tout début des négociations de coalition, de faire de la lutte contre la pauvreté une de ses grandes priorités. Certes, un enjeu sociétal de cette envergure ne peut pas être maîtrisé en quelques semaines à peine. Il n’en reste pas moins qu’une des premières décisions majeures du nouveau gouvernement conservateur-libéral – ou plutôt du ministre Léon Gloden – a été de lancer la «chasse» aux mendiants dans les rues de la capitale. Il est pleinement soutenu par la députée-maire libérale Lydie Polfer. Pour le reste, les soutiens commencent à se faire très rares. Pire, le duo a encaissé, cette semaine, une claque retentissante de la part du procureur d’État Georges Oswald, venu démonter point par point l’argumentaire, (aveuglement) répété par le ministre et la bourgmestre pour justifier l’interdiction de mendier. Le haut magistrat estime – à partir d’une analyse impartiale du code pénal – que le règlement de police de la Ville n’a pas de base légale. Que ce soit par mégarde ou pas, il est un fait que la mendicité simple n’est plus punissable depuis 2008.
Ce constat n’impressionne guère Lydie Polfer et Léon Gloden. Pour les deux juristes de formation, le procureur et les juges, qui ont déjà statué sur la question, ont tout faux. La bourgmestre a même attaqué de front Georges Oswald. On frôle l’enfreinte à la séparation des pouvoirs. Mais au-delà de cette querelle juridique, l’entêtement sur cet article précis du code pénal vient confirmer que ce sont bien tous les mendiants qui sont visés par le virage répressif engagé depuis lundi. Il urge que le Premier ministre, Luc Frieden, tape du poing sur la table, comme il a promis de le faire si un ministre s’écarte du droit chemin.