Le nom de David Gerrold vous est inconnu ? Certes, il est moins célèbre que celui de la série télé dont il a signé de nombreux scénarios : Star Trek. Vue d’aujourd’hui, une série plutôt ringarde, avec ses effets spéciaux kitchissimes et ses intrigues barbantes… Mais au milieu de ces décors en carton-pâte, plusieurs technologies contemporaines ont été anticipées : les tablettes tactiles, les Google Glass, et même les imprimantes 3D (reste à inventer le téléporteur, certes) !
Pour beaucoup, David Gerrold est un visionnaire. En témoigne aussi un article publié en 1999 dans lequel l’auteur de science-fiction prédit l’apparition d’un objet qui a envahi notre quotidien : le smartphone. «Cette petite boîte aura un écran couleur haute résolution, un micro, une prise pour écouteurs ou pour casque audio, un appareil photo, une connexion sans fil. Cet outil sera capable de se brancher sur un clavier et un écran. Oh ! et il pourra traiter aussi des e-mails», annonçait-il.
Pourtant, lorsque les premiers smartphones sont apparus, beaucoup clamaient que jamais ils ne s’encombreraient d’un tel «gadget», qu’un téléphone, ça servait à téléphoner, et qu’on n’allait pas se laisser envahir par les ordinateurs ! À peine quelques années ont passé… et désormais, c’est le fait de ne pas avoir de smartphone qui fait de vous un marginal.
En sera-t-il de même pour les réseaux sociaux ? C’est la question qu’on aimerait poser à David Gerrold. Facebook est dans la tourmente après une fuite massive de données privées. YouTube et Google viennent de se faire taper sur les doigts pour avoir collecté illégalement des données sur les enfants. Plus personne ne peut croire, à une époque comme la nôtre, que des multinationales vont nous laisser papoter gratuitement sur leurs sites sans contrepartie.
Et pourtant, comme pour les smartphones (et grâce à eux aussi), les réseaux sociaux se propagent. Le fait est que nous commençons déjà à accepter l’inéluctable : nous aurons bientôt tous un double numérique. Est-ce que ce double prendra un jour le pas sur notre identité réelle ? Espérons que cela restera longtemps un scénario de science-fiction.
Romain Van Dyck