Les chaînes de télévision d’information continue n’auraient loupé ça pour rien au monde. Hier, Nicolas Sarkozy s’est rendu à la prison de la Santé, à Paris, pour purger sa peine de cinq ans dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle. Devant son domicile, à Paris, sa famille l’attendait, tout comme des centaines de sympathisants qui ont scandé son nom. L’ancien président français a brièvement salué les siens avant de s’engouffrer dans une berline et de traverser la capitale avec une escorte policière conséquente. L’image s’est coupée une fois qu’il a pénétré dans l’enceinte de l’établissement pénitentiaire. Les commentaires, quant à eux, se sont largement poursuivis.
Dans cette affaire, ou dans celle concernant Marine Le Pen, certains s’en sont donné à cœur joie en pointant du doigt la partialité des juges, une justice avec une autre fonction que celle d’appliquer le droit. Les mêmes qui, généralement, trouvent que les peines infligées par cette même justice ne sont pas assez dures pour les délinquants. Passons. Cette petite ritournelle est entendue depuis bien longtemps chez nos voisins. Et, à chaque fois, ce sont autant de coups de canif qui sont donnés à l’institution. Le débat n’est pas interdit, la contestation de la peine non plus, mais nous sommes bien au-delà de tout ça. L’esprit partisan a embrumé depuis bien longtemps les raisonnements. Il ne s’agit plus d’esprit «gaulois» ici. La situation politique française qui s’est fragilisée depuis les dernières élections législatives a exacerbé les dissensions. Il faut choisir un camp. Dans lequel se situe la justice française?
Il y a quelques mois, un débat intitulé «L’État de droit va-t-il trop loin» a même eu lieu sur un plateau télévisé. Surréaliste quand on connaît l’histoire du pays. Non, l’État de droit ne va jamais trop loin généralement. Et les débatteurs de se demander quelles nouvelles règles pouvaient s’appliquer aux personnes vivant sur le sol de France. De quoi tomber de son canapé. Les mondes politique et médiatique français semblent se «trumpiser». Mais nos voisins ne sont pas américains. Il reste de l’espoir. Un peu.