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Prise de risques

Le modèle luxembourgeois constitue depuis des décennies une force et un atout du système politique et social du Grand-Duché. Le principe de la négociation tripartite, réunissant gouvernement, syndicats et patronat, a permis au pays de surmonter des crises majeures. Il est d’autant plus regrettable que le gouvernement actuel se montre aussi réticent à convoquer une tripartite nationale pour esquisser la sortie de la crise sanitaire. L’échéance approche pourtant, aussi en raison d’un autre modèle luxembourgeois, appliqué pour endiguer la pandémie de coronavirus.

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, a une nouvelle fois défendu, vendredi, la flexibilité qui a permis, selon elle, de maintenir le difficile équilibre entre restrictions sanitaires et maintien de libertés. À l’automne, le chemin plutôt libéral engagé afin de briser la deuxième vague d’infections a attiré les foudres de l’opposition. Trop peu, trop tard, trop peu cohérent. Lors de chaque débat à la Chambre sur les mesures anti-Covid, les mêmes critiques ont fusé. À tort ou à raison ? Si on se remémore les querelles des mois de novembre et décembre entre partis politiques et entre secteurs d’activité, il semble que le retour à un confinement strict aurait été la seule solution cohérente. Mais dès le moment où la décision a été prise de ne pas tout refermer, l’exercice d’équilibriste s’est annoncé périlleux.

Dans l’analyse qui sera à mener une fois la crise évacuée, il ne faudra pas oublier que la population luxembourgeoise a pu profiter ces derniers mois de bien plus de libertés que ses voisins, qui, malgré des mesures plus strictes, ont peiné à briser la deuxième vague. Plus important encore : à l’exception de deux petites semaines, les écoles ont pu rester ouvertes. Le gouvernement a accepté de prendre des risques, option qu’une large frange de l’opposition n’a jamais souhaité assumer.

Malgré toutes les divergences qui existent, l’importance du maintien de la cohésion sociale n’a pas été perdue de vue. Les votes de vendredi contre une priorisation de la vaccination au bénéfice de certaines professions et un passe-droit accordé prématurément aux personnes vaccinées sont un signal positif en pleine querelle politique.

David Marques