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Prise de recul

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, quelque 330 résidents de structures pour personnes âgées sont décédés des suites de leur infection. La multiplication des décès depuis le mois de février, à un moment où la vaccination à l’intérieur des maisons de soins et de repos était déjà entamée, a constitué l’élément déclencheur du procès politique initié par l’opposition parlementaire contre la ministre Corinne Cahen.

Plusieurs constats s’imposent toutefois après le débat houleux de jeudi. Il est ainsi à remarquer que le pic des clusters dans les structures suit la courbe des infections dans la population globale, avec un pic en octobre et novembre. Le taux de mortalité enregistré dans les maisons de soins et de repos est similaire, voire inférieur, aux chiffres enregistrés dans les structures des pays voisins.

Rappeler ces éléments n’équivaut pas à qualifier cette vague de décès de fatalité. Il existe toutefois de plus amples éléments à prendre en compte avant de pouvoir tirer des conclusions. La motion de censure contre Corinne Cahen comprend ainsi des points d’accusation qui ne sont nullement partagés par les acteurs du terrain. Michel Wolter (CSV) est venu dénoncer le «manque de matériel de protection» dans les structures pour accabler la ministre. Le président de la Copas, Marc Fischbach, réfute néanmoins toute pénurie de matériel. L’«absence de règlements contraignants» ne constitue pas non plus un point de discorde entre Corinne Cahen et le secteur. Les gestionnaires ont toujours été demandeurs de garder une certaine marge de manœuvre au vu des caractéristiques très divergentes des structures.

La Copas reste bien entendu le représentant des gestionnaires des maisons de soins et de repos. Les propos de son président sont donc à relativiser. Mais Marc Fischbach, de surcroît ancien ministre CSV, ne semble pas vouloir se dédouaner. Il souligne en effet que la responsabilité finale de ce qui se passe à l’intérieur des structures appartient aux directions.

Tous ces éléments ne font que confirmer le besoin de prendre du recul. Une étude externe sur la gestion de la crise dans les structures qui va au-delà de tout procès d’intention politique est indispensable.

David Marques