C’est un sentiment de peine, presque de pitié que l’on éprouve après le passage de François Hollande jeudi soir dans l’émission Dialogues citoyens de la chaîne publique France 2. Au-delà du contenu, c’est d’abord le peu d’intérêt des citoyens pour ce que pourrait leur dire leur président qui frappe : ils n’étaient que 3,5 millions à l’écouter, soit une part d’audience de 14,3 %, un reflet de l’indifférence, si ce n’est de la méfiance, que suscite le dirigeant socialiste dont la parole est devenue totalement inaudible.
Rarement un président de la Ve République aura été aussi impopulaire et aussi isolé, même dans son propre camp. Un exemple? Quelques heures avant l’émission, il était contredit par son propre ministre de l’Économie, qui, depuis Londres, déclarait que l’exécutif avait décidé d’«arrêter une partie des réformes». Et François Hollande de s’empresser d’affirmer qu’il réformera «tous les jours de (son) mandat, jusqu’au dernier jour».
«Ça va mieux : il y a plus de croissance, moins de déficits, moins d’impôts, plus de marges pour les entreprises, plus de pouvoir d’achat pour les salariés», a-t-il également déclaré. Dans un pays en plein doute, au chômage record, comment François Hollande peut-il tenir un tel discours sans paraître complètement déconnecté du quotidien des Français? Sans oublier que pour le président socialiste, «aller mieux» ne signifie pas baisse de la pauvreté ou réduction des inégalités, mais bien «moins de déficits» et «plus de marges pour les entreprises», ce qui est assez révélateur de l’état d’esprit de ce que l’on appelle la «gauche de gouvernement».
Lors de l’émission, Hollande a également annoncé qu’il dévoilerait en fin d’année ses intentions sur une éventuelle candidature en 2017. Après un tel quinquennat, il est à espérer que le président français ne poussera pas l’humiliation et l’autoflagellation à un tel degré d’indécence. La pitié que peut susciter cet homme seul, dans sa tour d’ivoire, qui est allé de renoncement en renoncement, pourrait alors se transformer en sarcasme et en mépris.
Nicolas Klein