Le dernier remaniement gouvernemental de François Hollande est présenté par la majorité au pouvoir comme une ouverture vers les écologistes, ou même la gauche de la gauche avec l’entrée de Jean-Michel Baylet. Un effet d’annonce qui ne saurait dissimuler la difficulté qu’aura eu Manuel Valls à composer cette équipe. Les places étaient nombreuses et les candidats si rares.
Les habiles politiciens aiment à accepter les dorures, d’ordinaire. C’est une sorte de Graal que de devenir ministre, en France comme ailleurs. Un nom dans l’histoire, à défaut d’une action mémorable.
Mais pour ce dernier gouvernement de la mandature de François Hollande, délibérations et rumeurs ont tant et tant duré qu’elles ont prouvé la difficulté du rassemblement. Personne, ou presque, ne voulait y aller. Même Nicolas Hulot, à qui le tapis rouge avait été déroulé, a dit non. Au lieu de ça, des seconds rôles, des anonymes, et pour le ministère de la Culture, une amie de la compagne de François Hollande. Passons, elle serait faite pour le poste.
À quinze mois de la prochaine élection présidentielle en France, François Hollande ne peut plus compter que sur ses grognards, ce carré de fidèles que forment les Valls, Macron, Cazeneuve, Le Foll ou Ayrault. Assaillie de toutes parts, la présidence joue maintenant son va- tout, avec les fidèles parmi les fidèles. On lui promet un Waterloo, ce sera peut-être Austerlitz. Ou bien la Bérézina.
Ce remaniement montre surtout qu’il est devenu impossible de gouverner dans la durée, que tout n’est qu’apparences et calculs pour satisfaire les ambitions personnelles. Ce dernier gouvernement Valls a l’image du renoncement car il tente de séduire le plus grand nombre en renonçant à tout idéal politique. Un peu de gauche, un peu de verts, beaucoup de droite, mais toujours un chômage au plus haut et une France en crise. Cela lui importe peu car il est urgent de préparer 2017 et de le montrer à la face du monde.
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)