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Premières frictions

Le bras de fer avec les syndicats, mais aussi avec le camp patronal, sur la modernisation du droit du travail va-t-il se transformer en épreuve de vérité pour le gouvernement formé depuis fin 2023 par le CSV et le DP? Malgré les tentatives d’apaisement du Premier ministre, le dossier reste brûlant et il commence aussi à provoquer des frictions, tant à l’intérieur du Parti chrétien-social qu’au sein de la coalition. Formulé hier dans nos colonnes, le tacle du président sortant du DP, Lex Delles, contre Marc Spautz, le chef de la fraction du CSV, n’est pas passé inaperçu. L’ancien syndicaliste continue à critiquer, au moins sur la forme, les projets initiés par son camarade de parti, le ministre du Travail, Georges Mischo (conventions collectives, travail dominical), et le ministre libéral de l’Économie, Lex Delles (élargissement des heures d’ouverture du commerce).

«Il est très délicat de remettre sans cesse en question un projet alors que le programme gouvernemental est très clair sur ce point (…) ll nous faut désormais trouver des solutions, ce qui est difficile si un député – en l’occurrence Marc Spautz – fait cavalier seul», a plus concrètement fustigé le chef de file du DP. Avant lui, le ministre des Finances, Gilles Roth, interrogé sur RTL Radio, avait appelé son parti, le CSV, à trancher ses différends non pas sur la place publique, mais en interne.

Lex Delles semble aussi, du moins entre les lignes, viser le ministre du Travail. «Très sincèrement, je comprends que les syndicats se sentent mis dos au mur au vu de certaines déclarations qui ont été faites. Le dialogue social doit être mené d’égal à égal, comme cela a toujours été le cas au Luxembourg. Si quelqu’un sent que ce n’est plus le cas, nous avons un problème», affirme le ministre libéral, qui souligne avoir longuement échangé avec l’OGBL et le LCGB. Georges Mischo aurait-il manqué à le faire? Pour être complet, il faut préciser que Lex Delles dit aussi comprendre que le patronat et le gouvernement puissent à leur tour se sentir mis dos au mur en raison des attaques du camp syndical.

Quoi qu’il en soit, on ne peut que constater que la cohérence du travail gouvernemental, décrétée en début de mandat par le Premier ministre, en a pris un coup.