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Pouvoir n’est pas vouloir

Quand la politique subit l’actualité, c’est que la politique est défaillante, car gouverner, c’est prévoir. L’exemple le plus criant est celui de la crise des migrants, qui est finalement toujours en cours. Jean Asselborn l’a affirmé dans nos colonnes, lundi : «En 2015, nous étions presque tous d’accord pour sauver les migrants en mer et trouver des solutions, mais aujourd’hui je ne suis plus sûr que les États veuillent toujours le faire […] l’atrocité principale c’est qu’en Europe, des pays refusent de sauver les gens en mer.» Aujourd’hui, il n’y a plus la photo du petit Ilan qui fait la une des journaux ou encore des centaines de reportages sur le parcours du combattant d’une famille pour trouver refuge en Europe. Aujourd’hui, les politiques préfèrent s’afficher devant des bougies à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Tout un paradoxe, alors que des millions de réfugiés sont entassés dans des camps, pour les plus «chanceux».

Mieux encore, les politiques, si attachés aux droits de l’homme, ont délégué (pour ne pas dire «sous-traiter») la gestion des réfugiés à des pays comme la Turquie, des pays ayant comme dernière des préoccupations les droits de l’homme.
Mais peut-on vraiment accabler les politiques ? Ils ne font qu’agir en fonction de leur électorat. Est-ce que le sort des réfugiés a soulevé les foules, engendré un mouvement populaire, fait sortir les Européens dans la rue pour crier et ordonner aux personnes représentant les citoyens d’agir? Je ne pense pas. Les Européens, comme leurs politiciens, sont tellement accrochés à leur confort et tremblent de peur à l’idée de le partager, et de partager quoi que ce soit, d’ailleurs.
Le pire, c’est qu’il ne s’agit même pas d’une question de moyens et d’argent. Personne ne veut sauver des gens en mer alors que la plupart des pays européens disposent d’une force navale surpuissante et qui coûte des milliards à entretenir pour finalement pas grand-chose. Voici un exemple concret de la différence entre les verbes «vouloir» et «pouvoir».

Jérémy Zabatta