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Poussée de fièvre

Les «antimasques» sont passés à l’offensive un peu partout en Europe ce week-end. Certains les nomment les «anticorona», mais c’est une appellation impropre. En effet, peut-on vraiment être «pour» le coronavirus? Quoi qu’il en soit, ils avaient tous sorti leurs banderoles et leurs plus beaux slogans en France, en Autriche ou au Royaume-Uni par exemple. En Allemagne près de 40 000 personnes s’étaient réunies pour protester contre l’obligation du port du masque. Quelques-unes d’entre elles ont même dépassé les bornes en essayant de pénétrer dans le Reichstag. Scandale…

Quel est le point commun de ces manifestations? La critique d’un État devenu prétendument tout-puissant grâce au virus et qui en profiterait pour abolir les libertés individuelles au prétexte de lutter contre la pandémie. La mise en place d’une dictature sanitaire en quelque sorte qui permettrait ainsi de mieux contrôler un peuple aveuglé et apeuré par l’épidémie. Inutile de dire que les adeptes des théories du complot se sont trouvés comme des poissons dans l’eau au milieu de ces manifestants un peu particuliers.
Malheureusement, nous risquons de croiser encore de nombreuses fois ces militants aux quatre coins de l’Europe. La pandémie n’est pas derrière nous et, comme nous l’avons déjà dit ici, les niveaux de contamination risquent encore de faire le yo-yo ces prochains mois, mettant à rude épreuve les nerfs de nos dirigeants et de certains de nos concitoyens. Le coronavirus ne peut encore être battu, mais il peut être maîtrisé à travers une stratégie de défense passive. Le masque et les gestes barrières font partie de cette stratégie, n’en déplaisent à ces «anticorona» qui sont surtout anti-État ou antigouvernement. Ces militants, d’ailleurs, ne sont-ils pas eux-mêmes le symptôme d’une autre maladie : celle du populisme et du complotisme qui se répandent sur le continent européen depuis de nombreuses années déjà?

Laurent Duraisin