«Cela reste donc du parole contre parole?», s’est interrogé mardi soir Marc Goergen, député du Parti pirate. Il avait sollicité et obtenu à la Chambre des détails supplémentaires de la part du ministre délégué à la Défense sur l’affaire Schleck.
Après les multiples sorties des derniers jours, il reste difficile d’évaluer qui dit vrai dans ce dossier, qui semblait tranché depuis l’été. Qui a signé quel document et avec quelle mention dessus? Christian Schleck, le président du syndicat de l’armée (SPAL), a-t-il donné son accord à une mutation en interne? C’est du moins ce qu’affirme formellement le chef d’état-major, Alain Duschène, dans une lettre adressée le 3 décembre au ministre de la Défense. «À aucun moment, l’AdjCh Schleck n’a laissé entendre que la fonction envisagée pour lui en tant que responsable du bureau d’ordre de l’Armée pourrait poser un quelconque problème en relation avec ses activités syndicales.» Il aurait même marqué son «accord» pour le nouveau poste proposé à l’état-major, qui serait bien compatible avec l’exercice d’une activité syndicale.
Tout autre son de cloche, hier, à la SPFP. Le nouveau poste serait lié à une clause de confidentialité «top secret» rendant impossible toute expression syndicale. Le mal serait d’ailleurs plus profond. Les tentatives d’intimidation des syndicalistes seraient récurrentes, a fustigé hier Patrick Frantz, l’ancien président du SPAL. Le Syndicat de la force publique (SPFP) réclame toujours la démission du chef d’état-major. La CGFP menace de saisir l’Organisation internationale du travail pour entrave à la liberté syndicale. Les ministres de tutelle gardent leur pleine confiance dans le général Duschène, qui va d’ailleurs partir à la retraite en octobre 2020. Pourquoi la manœuvre syndicale intervient-elle à ce moment? Les accusations sont graves, mais de véritables preuves ne se trouvent pas sur la table. Cette partie de poker menteur risque de ne faire que des perdants. Les bisbilles en interne dans le camp syndical, avec menaces à la clé, ont déjà filtré. La bataille ne fait que commencer…
David Marques