En bon (ex-)agent secret, Vladimir Poutine reste impassible. Ni les États-Unis ni les autres alliés de l’OTAN ne savent quelles sont les véritables intentions du président russe dans le conflit engagé avec son voisin ukrainien. Envoyer plus de 100 000 soldats aux abords de la frontière entre les deux anciens frères soviétiques n’est pas anodin. Manœuvre tactique afin d’être pris au sérieux par l’Occident ou volonté de transformer l’Ukraine en province russe, une opération entamée en 2014 avec l’annexion de la Crimée et le front qui est ouvert depuis la même année dans le Donbass?
Dans le meilleur des scénarios, Vladimir Poutine a engagé une partie de poker menteur avec les membres de l’OTAN. Cette stratégie a déjà permis de relancer les pourparlers bilatéraux, que ce soit en tête-à-tête avec les présidents des États-Unis et de France ou à l’échelle du Conseil OTAN-Russie. Il semble toutefois exclu que le chef du Kremlin obtienne la garantie écrite sur la non-expansion de l’Alliance transatlantique. Plus réaliste est la négociation de «garanties concrètes de sécurité» mises en perspective par le président français, Emmanuel Macron, lundi à Moscou. Un engagement à ne pas prendre de nouvelles initiatives militaires des deux côtés, complété par un accord sur le désarmement, constituerait un solide pilier pour la construction d’une nouvelle architecture sécuritaire en Europe. Il reste à savoir si un tel compromis suffira à Vladimir Poutine pour renoncer à toute intervention militaire en Ukraine.
En soi, il est difficile de dire en quoi consiste le danger pour la sécurité de la Russie si Kiev rejoignait un jour l’OTAN. Moscou dispose d’un des arsenaux en armes nucléaires les plus fournis de la planète avec une estimation de 6 255 ogives nucléaires contre 5 550 pour les États-Unis. Les deux camps n’ont également rien à s’envier en ce qui concerne les effectifs militaires. Un des deux camps serait-il assez fou pour entraîner l’autre dans une telle escalade?
Il est urgent que les deux camps calment leurs ardeurs. Des signes de bonne volonté sont indispensables. Un scénario empreint de naïveté? Peut-être, mais la réponse à cette question est que toute autre option prendrait des allures apocalyptiques.