Le sujet serait-il tabou? Provoquerait-il quelques craquelures même entre les partis membres de la coalition gouvernementale? Hier, le ministre du Logement, Henri Kox (déi gréng), a curieusement répondu à une question parlementaire du député Mars Di Bartolomeo (LSAP). Ce dernier demandait quelle était la raison du départ de résidents luxembourgeois choisissant un logement dans les régions frontalières allemande, française et belge et quels étaient les avantages et les désavantages d’un tel choix. Un sujet d’actualité. Le ministre a répondu… à travers une liste «non exhaustive» de quarante questions concernant le logement. Tout y passe : de l’économie circulaire dans la construction jusqu’à l’aide pour ce secteur en baisse d’activité, de l’impôt sur les logements non occupés à la subvention loyer, de la gestion locative au vivre ensemble, de la gentrification à la mixité sociale. Beaucoup de questions et aucune réponse. Y aurait-il de l’énervement dans l’air?
Le sujet du logement commence à tendre le débat politique, semble-t-il… Peut-être que cela va permettre de mettre en place des solutions radicales, car le temps presse. Le départ de résidents luxembourgeois vers les pays riverains pour s’y installer a longtemps été un tabou au Grand-Duché. Il ne l’est plus par la force des choses et la hausse vertigineuse depuis le début des années 2000 des prix des maisons et des appartements. La petite baisse enregistrée notamment par le portail immobilier athome.lu lors de ce premier trimestre 2023 ne change pas la donne. L’accès à la propriété est barré à de plus en plus de personnes et les jeunes générations n’ont parfois pas d’autre choix que de traverser la frontière pour s’y installer… avant bien souvent de la retraverser pour aller travailler. Et la pression immobilière est parfois telle de l’autre côté de la frontière que les locaux doivent eux aussi s’exiler plus loin dans les terres à cause des prix des logements si convoités. Parmi ces locaux se trouvent des frontaliers qui doivent encore rallonger leur temps de trajet. La Grande Région est un papier buvard absorbant les problèmes luxembourgeois. On doit se poser des questions quant à l’avenir de ce modèle. Mais il serait temps de trouver des réponses.