Si l’ouverture du premier KFC du pays a attiré du monde hier au Belval Plaza, c’est sans conteste la vente de colis perdus, en plein cœur du centre commercial, qui a fasciné davantage. Il faut dire qu’avec plus de sept tonnes de cartons mises en vente, il y a de quoi faire des heureux. Depuis plusieurs mois, ce concept cartonne dans le pays comme à l’étranger. Le but est simple : vous choisissez un colis perdu sans connaître son contenu et payez le prix au kilo. Après le succès des deux premières opérations au Kirchberg Shopping Center et à la Cloche d’or, la folie des colis perdus s’est donc emparée du sud du pays pour quelques jours.
Si cette démarche se revendique avant tout écologique (depuis le 1er janvier 2022 et l’entrée en vigueur de la loi antigaspillage adoptée en 2020, il est désormais interdit de détruire les invendus non alimentaires), elle devient surtout le symbole de notre frénésie d’achats en ligne, parfois abusive et toujours néfaste pour l’environnement. Elle permet aussi à certains de s’enrichir via ce business de la récupération. Et fait grincer des dents.
Alors plutôt Kinder Surprise écolo ou boîte de Pandore capitaliste? Les deux écoles s’affrontent à la pause déjeuner, mais ne peuvent s’empêcher d’aller jeter un œil sur ce concept qui a le mérite de faire parler de lui. L’inconnu fascine. Le risque. La surprise. Se fier à son instinct. Ces petites boîtes en carton sont-elles plus nocives qu’un casino ou un ticket à gratter? Beaucoup d’adeptes des colis perdus le disent : «Le grattage, si c’est zéro, c’est terminé, alors que le colis, on est sûr d’avoir des choses à découvrir.» Oui, c’est vrai, mais encore faut-il que les choses nous plaisent.
Que deviennent ces objets achetés au hasard s’ils ne répondent à aucun besoin ? C’est là que le bât blesse. Que la dimension «écologique» de ce concept se heurte à un mur. Ces objets finiront très certainement leurs vies à la poubelle ou à prendre la poussière dans la cave de mamie. Pas terrible, la démarche écolo. Mais en attendant, ça marche fort. Pour combien de temps ?