Accueil | Editoriaux | Plus dure sera la chute

Plus dure sera la chute

Un certain soulagement est palpable après la signature de l’accord tripartite. Au moins, les citoyens sont rassurés en ce qui concerne leur facture énergétique. La hausse du prix du gaz sera plafonnée à 15 %, le mazout sera subventionné à hauteur de 15 centimes d’euro par litre et le prix de l’électricité sera gelé. Sont également à citer le versement de deux tranches indiciaires (revalorisation des salaires de 5 %) et la hausse du salaire social minimum (+3,3 %). S’y ajoute une baisse de la TVA, qui ne concerne cependant pas les produits alimentaires, qui connaissent une forte hausse.

Ce paquet de mesures doit non seulement permettre aux ménages de passer l’hiver au chaud, mais aussi de tacler l’inflation. De 6,6 %, elle doit passer à 2,4 %. Critiqué pour le manque de sélectivité sociale du «paquet de solidarité 2.0», le Premier ministre, Xavier Bettel, n’a sorti que sur le tard le contre-argument selon lequel seule une intervention aussi large sur les prix de l’énergie permettrait de sensiblement freiner l’inflation et donc d’éviter une cascade de tranches indiciaires. À la sortie de la tripartite, l’explication était encore que l’urgence dans laquelle il fallait agir pour éviter le pire rendait impossible une aide plus ciblée.

Mais passons. La question cruciale demeure de savoir si le paquet signé mercredi sera suffisant pour atteindre les objectifs chiffrés. L’Allemagne annonce une inflation record de 10 % pour le seul mois de septembre. S’y ajoute le risque réel d’une récession, avec une chute, en 2023, de 8 % du PIB. En Belgique, l’inflation pointe même à 11,27 %, du jamais vu depuis 1975. Sachant que l’économie du Luxembourg est étroitement liée à celle de ses voisins, est-il réaliste de penser passer d’une inflation, au pire, de 8,5 % en 2023 à 2,4 %, alors qu’avant la tripartite, le scénario le plus optimiste tablait sur 4,4 %?

La Chambre de commerce met déjà en doute les calculs du Statec, en assurant que l’inflation sera telle (3,9 % selon leurs estimations) qu’un troisième index tombera «sans aucun doute». De plus, un choc inflationniste supplémentaire est redouté pour début 2024. La vigilance doit donc rester de mise de toute part, faute de quoi «plus dure sera la chute».