Mali, Niger, Burkina Faso. Trois des sept pays cibles de l’aide au développement du Luxembourg se voient confrontés à de graves crises politico-militaires. Le Sahel reste une des régions les plus instables du monde. Jihadisme, terrorisme, coups d’État… La liste des déboires est longue. Trop longue.
Un nouveau tournant se profile désormais à l’horizon. La France a annoncé son retrait militaire du Mali. Contrairement à ce qui s’est passé en août dernier en Afghanistan, ce départ va se faire de manière coordonnée et ordonnée. Par contre, les troupes françaises et européennes, déployées depuis neuf ans dans le Sahel, n’ont pas permis à l’État malien de reprendre la main dans sa lutte contre des islamistes radicaux. Pire, deux coups d’État successifs ont ouvert la porte à une junte militaire, qui soutenue par des mercenaires de la société russe Wagner, refuse de rendre le pouvoir à la population malienne.
Le redéploiement des troupes entre Tchad, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Côte d’Ivoire et Gabon ne sera pas un gage de sécurité suffisant, d’autant plus que le retrait de la France du Mali risque aussi de sonner le glas des missions Minusma et EUTM Mali, portées par les Nations unies et l’UE. Même si la raison officielle invoquée pour le retrait est l’impossibilité de continuer à s’engager au côté de la junte, le danger d’un vide sécuritaire est lui réel.
Les raisons de l’impasse actuelle ne se limitent cependant pas uniquement au Sahel. Les relations entre Europe et Afrique sont davantage dominées par des intérêts économiques que par une politique «3D». L’association entre diplomatie, défense et développement, principe primordial défendu par le Luxembourg, a toutefois aussi ses limites. En cause : la lutte d’influence que se livrent les grandes puissances pour mettre la main sur une Afrique riche en matières premières.
Lancé hier à Bruxelles, le sommet entre dirigeants européens et africains cherche à nouer une «nouvelle relation». «L’Europe a besoin d’une Afrique stable, sûre et prospère», souligne le président du Conseil européen, Charles Michel. Mais avec quel objectif à la clé? Davantage de stabilité ne peut qu’intervenir si l’on aide les Africains à s’aider eux-mêmes et chasser ainsi les (vieux) démons.