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Piqûre de rappel

Qui est le patient zéro ? Les autorités américaines l’ignorent. On sait seulement qu’il se trouvait dans l’ «endroit le plus joyeux sur Terre», le parc Disneyland en Californie, en décembre dernier. Un éternuement ou un gros câlin baveux à Mickey plus tard, le virus de la rougeole trouvait un hôte. Et au printemps suivant, 169 malades de la rougeole étaient recensés dans 20 États.

Très contagieuse, et première cause mondiale de décès due à une infection chez l’enfant, la rougeole peut entraîner de graves complications. Or, les États-Unis l’avaient éradiqué depuis 15 ans.

Rapidement, on trouve un coupable : la vaccination. Ou plutôt son absence. Car selon le Centre de protection contre les maladies de Californie, sur 34 cas de rougeole analysés, 28 n’étaient pas vaccinés. Peur des piqûres? Non, plutôt des vaccins. Le mouvement antivaccination prend de l’ampleur. Pour certains, c’est le principe même de la vaccination qui est rejeté.

Superstitions ou théories du complot, qu’importe… Ces foutaises peuvent facilement être balayées, car l’histoire est sans appel. Depuis plus de deux siècles, la vaccination a sauvé des millions de vie et continue de le faire, en nous protégeant de maladies, voir en les éradiquant, comme la variole en 1980.

Pour d’autres, ce sont les méthodes actuelles de vaccination qui sont rejetées, notamment la vaccination précoce, ou la présence d’aluminium et de mercure. Les témoignages fusent sur la toile, mais gare : les malades imaginaires y pullulent. En face, l’industrie pharmaceutique jure que ses produits sont sans danger. Hélas, difficile de croire sur parole ceux qui font parfois passer la santé de leurs actionnaires devant celle du public.

Pendant ce temps, la vaccination recule. De plus en plus de parents estiment qu’il ne sert à rien de vacciner leurs enfants, puisque les autres enfants le sont. Oubliant qu’il ne peut y avoir d’immunité collective que si, précisément, l’effort de vaccination est collectif.

La situation est grave, et les autorités doivent réaliser qu’un simple communiqué et quelques chiffres ne suffiront pas. Il faut des experts indépendants, des débats, des piqûres de rappel, bref, il faut restaurer la confiance, pour vacciner la population contre les idées reçues.

Romain Van Dyck