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Passer à la vitesse supérieure

La prévention a-t-elle atteint ses limites ? À regarder les mauvais chiffres en 2015 des accidents de la route et la tendance des dernières années, on est en droit de se poser la question. L’objectif «zéro mort et zéro blessé grave» sur nos routes plaidé par le ministre Bausch semble encore bien lointain…

Pourtant, on ne peut pas dire que la prévention routière ait été particulièrement laxiste. Avec l’amélioration des infrastructures, les tonnes de flyers, les heures de spots TV et radios et les kilomètres d’affiches dégoulinant d’hémoglobine et de larmes, on peut raisonnablement estimer qu’aujourd’hui, tout le monde sait que la prudence est vitale.

Pourtant, lorsque la faucheuse passe, ce n’est pas à cause d’une flaque d’huile, d’un gibier imprudent, ou d’un défaut mécanique. Ce sont toujours la vitesse, l’alcool et l’irrespect des règles de circulation qui emportent des vies. Passons sur certaines absurdités qui relèvent – pour employer une réaction à chaud du président de la Sécurité routière – de la «connerie pure», comme le fait que 8% des automobilistes pensent encore en 2016 que la ceinture de sécurité est une option.

Le fait est que les dangers de la route, désormais, n’ont plus l’excuse d’une politique laxiste ou de l’ignorance. Ils sont dangereux parce qu’ils ne veulent pas respecter des règles dictées dans l’intérêt de tous. Donc si le Luxembourg veut atteindre ses objectifs, il va bien falloir – pour une fois – passer à la vitesse supérieure. Bref, plus de répression.

Le durcissement du permis à point et la mise en place des radars ont déjà envoyé un message fort, d’autant que de nouveaux radars devraient suivre. Si cela s’avérait insuffisant, peut-être pourrions-nous nous inspirer de la méthode finlandaise : des contraventions proportionnelles aux revenus ! Plutôt que faire payer aux plus pauvres comme aux plus riches 145 euros pour un excès de 20 km/h sur autoroute, pourquoi ne pas faire grimper l’amende à la mesure du compte en banque ? À 1 000, 10 000, voir 54 024 euros la prune, comme l’a expérimenté en 2015 un riche finlandais pour un excès de 23 km/h, tous les automobilistes pourraient connaître enfin le «frisson» que ressentent les plus pauvres quand ils sont mis à l’amende…

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)