L’annonce au printemps avait encore de quoi surprendre. «Je connais la date de mon abdication», avait alors affirmé le Grand-Duc Henri dans un entretien accordé à la presse belge. En avril, il semblait encore peu probable qu’un changement de règne intervienne rapidement. «Nous pensons que le jeune couple héritier a encore des enfants très jeunes. Or il faut pouvoir avoir une certaine indépendance vis-à-vis des enfants pour exercer cette tâche. Il faut pouvoir leur donner du temps avant de pouvoir se concentrer totalement sur la future fonction de chef d’État. Fonction qui est quand même lourde», développait alors le souverain.
La lourdeur de la fonction semble toutefois avoir accéléré la transition vers un changement de règne. Début octobre, à la veille de l’assermentation du Prince Guillaume en tant que lieutenant-représentant, le Grand-Duc Henri ne cachait plus une certaine lassitude et fatigue : «Je dois vraiment lever le pied.» Avec son épouse Maria Teresa, le chef de l’État se réjouissait déjà de «retrouver une certaine liberté» et une «vie entre guillemets normale». Cette liberté, le couple grand-ducal va donc la retrouver dès le 3 octobre, date désormais actée de son abdication en faveur de son fils aîné.
La symbolique des chiffres est donc acquise. Le Grand-Duc Henri va passer la main à l’âge de 70 ans et 25 ans après son accession au trône. Son père, le Grand-Duc Jean, avait été pendant plus de 35 ans à la tête du pays. Sa grand-mère, la Grande-Duchesse Charlotte, avait été la cheffe de l’État pendant 45 ans. Le règne de l’actuel souverain se limitera donc à un quart de siècle. Peu et beaucoup à la fois, d’autant plus que depuis le début des années 2000, le monde ne cesse de tourner plus rapidement. Il ne faut pas oublier les moments les plus critiques du règne d’Henri. En 2008, il refuse de signer la loi sur l’euthanasie pour des raisons de conscience, provoquant une crise institutionnelle. La restructuration imposée à la Cour, à la suite du rapport Waringo publié début 2020, a également laissé des traces. Mais il serait trop réducteur de mesurer l’héritage du chef de l’État sortant à l’aune de ces deux épisodes. Place désormais à la jeune génération et aux nouvelles idées que le futur Grand-Duc Guillaume souhaite promouvoir.