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Pas vraiment le choix

Dimanche, un petit pays à l’économie insignifiante a mis le monde en émoi. La Corée du Nord a semble-t-il réussi un essai d’une bombe nucléaire à hydrogène. Comme à chaque nouvelle provocation du régime de Pyongyang, des menaces de sanctions plus sévères succèdent aux condamnations les plus fermes. Mais à bien y regarder, les dirigeants européens, sud-coréens et même américains sont réduits à l’état de spectateurs tant leur prise sur Kim Jong-un et sa clique est faible.

Aggraver les sanctions contre un des pays les plus isolés de la planète et que Pékin ne souhaite pas voir s’effondrer n’est pas très concluant. Quant à l’option militaire, elle est exclue, à moins de prendre le risque de voir Séoul, distante de seulement quelques dizaines de kilomètres de la frontière, être rayée de la carte.

À première vue, le comportement de la seule dynastie communiste de l’histoire est totalement irrationnel et imprévisible. Mais n’appliquerait-elle pas simplement la «théorie du fou» inspirée par Henry Kissinger et mise en pratique par Richard Nixon lors de la guerre du Vietnam, théorie qui consiste à dire n’importe quoi, à faire preuve de son imprévisibilité pour contraindre l’autre partie à négocier ? Car avec son programme nucléaire et balistique, le régime de Pyongyang suit une logique rationnelle : assurer sa survie et empêcher toute invasion ou changement de régime par la force.

De l’autre côté du Pacifique, Donald Trump a lui aussi mis en pratique cette théorie du fou – volontairement ? – en multipliant les déclarations guerrières à l’emporte-pièce, sans grand résultat pour l’instant. Les États-Unis ne pourront empêcher le développement du programme militaire nord-coréen. L’avènement d’une Chine communiste dotée de l’arme suprême au début des années 1960 avait fait paniquer les Américains, avant finalement qu’ils ne s’en accommodent. Washington doit nouer le dialogue avec Pyongyang afin d’éviter tout risque d’accident fâcheux qui aboutirait à une escalade aux conséquences imprévisibles. Les États-Unis n’ont pas vraiment le choix.

Nicolas Klein