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Pas le point final

Les masques étaient censés tomber, lundi après-midi, lors du double débat autour de la langue luxembourgeoise. Pendant de longues semaines, le débat a fait rage sur les réseaux sociaux. La principale crainte  : avec l’afflux de plus en plus d’étrangers au Grand-Duché, la langue nationale serait de plus en plus menacée.

Le pétitionnaire Lucien Welter, qui dès le début s’est défendu contre tout reproche de xénophobie, a considérablement arrondi les angles hier. S’il persiste dans sa revendication de revaloriser l’utilisation du luxembourgeois sur le plan administratif, il a répété à plusieurs reprises ne pas contester le multilinguisme. Il a même affirmé être «fier» de pouvoir parler français, allemand, anglais et même italien.

D’autres mouvances qui ont ouvertement soutenu la pétition semblent être bien moins «fières» de ce multilinguisme qui fait la richesse du Luxembourg. Comme cela a déjà été écrit dans ces colonnes, le malaise concernant le français est indéniable. Le débat public d’hier ne sera pas le point final. Les interrogations sur la langue et l’identité luxembourgeoises vont certainement jouer un rôle important en vue des législatives d’octobre 2018. Avec certains risques à la clé.

Les partis seront donc dans l’obligation d’éviter tout excès afin de ne pas mettre en danger un des principaux atouts du pays en raison d’un débat certes émotionnel, mais reposant sur une menace encore assez abstraite. Les récents chiffres publiés par le Statec confirment en effet la bonne santé de la langue luxembourgeoise.

Tout cela ne doit pas empêcher de revoir l’apprentissage du luxembourgeois dans les écoles, mais aussi dans les cours de langue. L’éducation est une des principales clés pour permettre au pays de sortir renforcé de ce débat sur la langue nationale. Cela reste d’ailleurs bien plus important que la traduction de textes de loi, de jugements ou une reconnaissance du luxembourgeois à l’échelle de l’Union européenne. Les bonnes priorités doivent être fixées sans tarder pour valoriser une langue aussi riche que la diversité présente au Grand-Duché.

David Marques