Les élections de ce dimanche en Allemagne sont particulières à plus d’un titre. Pour commencer, il s’agit d’un scrutin anticipé, après que la coalition tricolore, formée depuis 2021 par les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier Olaf Scholz, les Verts et les libéraux (FDP), a volé en éclats. Le gouvernement inédit avait misé sur un nouveau vent, après le long règne d’Angela Merkel, mais en fin de compte, les querelles internes ont laissé une image désastreuse de l’exécutif sortant. Ensuite, cette élection se joue dans un contexte géopolitique plus tendu que jamais, avec un Donald Trump qui semble avoir brisé pour de bon l’alliance entre les États-Unis et l’Europe. Troisième point : la percée de l’extrême droite a amené les partis démocratiques du centre à s’engager, eux aussi, sur la voie d’une diabolisation des migrants.
La campagne électorale a été largement dominée par cette thématique, alors que notre pays voisin se retrouve face à des défis plus urgents : la relance d’une économie en berne, la lutte contre le réchauffement climatique et le renforcement de sa capacité de défense. La décision de se focaliser sur la migration n’a finalement eu que des effets néfastes : un discours très toxique et une mise en danger de l’espace Schengen en raison de contrôles permanents aux frontières. Sans oublier la mise en valeur de l’AfD, après le choix délibéré de l’union CDU/CSU de dégager, avec le soutien de ce parti d’extrême droite, une majorité pour faire adopter une résolution tout à fait symbolique sur le durcissement de la politique migratoire. Le FDP a joué le même jeu, tandis que le SPD et les Verts ont validé la fermeture partielle des frontières.
Les conservateurs partent favoris pour remporter les élections. Friedrich Merz, sans aucune expérience de ministre, devra trouver au moins un partenaire de coalition. Le match devrait se jouer entre le SPD et les Verts. La rude campagne électorale a laissé des traces. De plus, une alliance avec les Verts est catégoriquement refusée par la CSU, le parti sœur de la CDU. Au vu de la situation globale, il n’y a pourtant pas de temps à perdre. L’Allemagne a rapidement besoin d’un nouveau gouvernement fort. Dans son propre intérêt, mais aussi dans celui de l’UE et de l’Ukraine.