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Pas de retraite pour Lagarde

Pour certains, soixante ans c’est l’âge de la retraite. Sexagénaire depuis à peine deux mois, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a pour sa part décidé mardi de rempiler pour cinq ans à la tête de l’institution qu’elle dirige depuis 2011. Avec l’objectif hautement affiché de donner un visage plus humain au FMI. «Nous devons également être sensibles et avoir une dimension humaine», a-t-elle déclaré jeudi dans un entretien à l’AFP. Analysant à sa manière les raisons du Brexit, elle relève aussi que le vote britannique en faveur d’une sortie de l’UE a notamment été provoqué par un «désenchantement citoyen».

L’ancienne ministre française se donne donc cinq ans pour tenter d’amortir les ravages sociaux d’une mondialisation dans laquelle son institution joue un rôle clé. Sans doute les retraités Grecs seront-ils ravis si elle joint actes à ses bonnes paroles. Car dans la crise grecque de la dette souveraine, ils ont été une cible privilégiée de la directrice générale du FMI. Dès que l’institution de Washington s’est emparée du dossier, aux côtés de la BCE et de la Commission européenne, la réforme du régime des retraites était devenue une véritable obsession du FMI. Christine Lagarde avait vivement attaqué le montant à ses yeux trop élevé des pensions grecques, sans d’ailleurs qu’elle avance le moindre chiffre tangible.

En tout état de cause, les données fournis par Athènes montrent qu’aujourd’hui un retraité grec perçoit en moyenne quelque 700 euros par mois. Christine Lagarde semble désormais le déplorer. Dans un autre entretien accordé le 4 juillet par la patronne du FMI au quotidien français Le Monde, elle notait que ces maigres pensions font parfois vivre deux ou trois générations dans un pays où le taux chômage avoisine les 25%. Christine Lagarde prend conscience qu’en cognant dur sur les retraités Grecs, elle a causé des dégâts qui ne sont pas justes rhétoriques ou comptables, mais se traduisent par davantage de pauvreté dans la vie de vrais gens. Ce constat posé, que préconise-t-elle? A priori rien. En tout cas, elle n’en dit mot. Ce n’est donc pas son bel effort de contrition médiatique qui sortira les Grecs de leur «désenchantement citoyen».

Fabien Grasser