Il voulait donner un nouveau souffle à une Union rejetée par ses citoyens. Il voulait replacer la politique au centre du jeu. Que reste-t-il aujourd’hui des bonnes résolutions de Jean-Claude Juncker, un peu plus d’un an après son arrivée à la tête de la Commission européenne? Bien peu de choses, au vu de l’état lamentable dans lequel se trouve l’Union européenne. Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l’UE, dont le Luxembourg, en ont convenu lors d’une réunion commune à Rome, mardi, se disant «préoccupés par l’état actuel du projet européen».
Doux euphémisme pour dépeindre le tableau d’une Europe mortifiée par ses divisions, proie à la montée de l’extrême droite et à l’abandon de ses généreux principes fondateurs que sont la liberté, la solidarité, la démocratie, le respect de la dignité humaine. Et l’orage menace les accords de Schengen ou le maintien britannique dans l’UE. Mais il faut bien convenir que Jean-Claude Juncker n’y est pour pas grand-chose, subissant un contexte international des plus tendus, dont l’illustration la plus flagrante est le conflit syrien et ses réfugiés cherchant asile en Europe. Face au désastre, la voix du président de la Commission est inaudible.
Alors qu’au Grand-Duché, l’ancien Premier ministre chrétien-social a quasiment le statut de demi-dieu, son manque d’autorité en Europe est patent. Et avait déjà été souligné quand il présidait l’Eurogroupe, bien des économistes estimant alors qu’il n’avait pas été à la hauteur des défis se présentant à la monnaie unique européenne, car incapable de s’opposer à des intérêts nationaux parfois contradictoires. Mais c’est là l’éternelle répétition du couplet européen proclamant que force est aux grands pays, les dirigeants des institutions européennes n’ayant qu’à se plier à cette loi d’airain.
La crise de la dette grecque en a été l’exemple frappant, Jean-Claude Juncker suivant les injonctions de Berlin. L’histoire officielle aime à glorifier ses «grands personnages» et l’UE n’y échappe pas avec son cortège de pères fondateurs sacralisés, comme Schuman. Un panthéon paraissant aujourd’hui bien inaccessible pour Jean-Claude Juncker, tant son absence de leadership est devenue criante.
Fabien Grasser
Il est toujours assez simple de critiquer sans faire un seul petit effort de proposer des solutions ou des idées pour parer aux problèmes. L’actualité respectivement la situation politique, économique et sociétaire s’est tellement aggravée voire dégradée ces dernières années, due en grande partie aux inactivités et mauvaises décisions du passé des prédécesseurs de JCJ, qu’il est définitivement gratuit de lui faire maintenant le procès. Les défis ont pris une telle ampleur, que les solutions et réactions ne peuvent être prises à la va-vite. Mieux vaut donc réfléchir à deux fois que de prendre des décisions irréfléchies aux conséquences non-prévisibles.