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Pas de cadeau

Ce n’est pas de gaieté de cœur, à les écouter, que les députés de l’opposition ont quitté la Chambre hier alors qu’un important débat devait avoir lieu sur le troisième plan de développement durable. Mais ils ont remballé leurs discours et ont subitement disparu de la salle plénière dans un mouvement spontané.

Cette dernière semaine de travail parlementaire laissera un goût amer dans la bouche de l’opposition, scandalisée par l’affaire des fichiers secrets de la police et de la justice. « Secrets » parce que des individus découvrent à leur insu qu’ils représentent un danger alors qu’ils ne se doutaient pas un instant entrer dans cette catégorie. Il faut admettre que les partis de la majorité, s’ils avaient occupé les rangs de l’opposition, n’auraient pas fait de cadeau au gouvernement. L’affaire du SREL qui a fait capoter le dernier gouvernement Juncker est encore bien présente dans les esprits.

Bien sûr, il y a la méthode. Le CSV pensait pouvoir changer l’ordre du jour et voulait absolument un vote. Il s’attendait à ce que la majorité refuse toute modification qui aurait imposé au Premier ministre de venir s’exprimer encore cette semaine devant les députés à propos de l’existence des fichiers bis. Le CSV était dans son bon droit.

L’opposition est partie fâchée, très fâchée, excédée par l’arrogance du gouvernement, dit-elle, mais pas seulement. Le hasard a voulu qu’un courrier signé par tous les partis de l’opposition soit envoyé au président Etgen dans lequel ils se plaignent d’être quasi inexistants quand la Chambre livre son activité sur les réseaux sociaux. Il n’y en a que pour les motions de la majorité. Les leurs sont ignorées puisque systématiquement rejetées. Quant aux questions parlementaires que l’opposition s’évertue à poser, elles ne reçoivent que des réponses réduites au strict minimum syndical. Jamais la contestation ne fut aussi forte.

La majorité est prévenue, les années à venir ne seront pas de tout repos. L’opposition ne compte pas la laisser naviguer sur un long fleuve tranquille et encore moins avec une majorité aussi courte. En d’autres mots : pas de cadeau.

Geneviève Montaigu