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Pas ceux que l’on croit

L’année 2017, avec ses multiples scrutins électoraux, s’annonce encore une fois comme celle de tous les dangers pour l’Union européenne. On voit d’ici les titres des journaux et les déclarations larmoyantes des dirigeants politiques mettant en garde contre la montée de ces diaboliques partis europhobes. Seulement voilà, les pires ennemis de l’UE ne sont pas forcément ceux que l’on croit.

Dernier exemple en date il y a à peine quelques jours. La Commission européenne n’a pas sanctionné – malgré son propre règlement – l’ancienne commissaire à la Concurrence Neelie Kroes qui était restée directrice d’une société offshore aux Bahamas pendant son mandat. Pour quelle raison ? «Elle n’était pas au courant qu’elle occupait toujours le poste.» Neelie Kroes avait donc oublié qu’elle était directrice d’une société dans un paradis fiscal. Si l’on ajoute à ce scandale, les conflits d’intérêts flagrants d’anciens commissaires allant travailler peu après leur mandat pour des multinationales et des banques d’affaires (l’exemple le plus extrême étant bien sûr José Manuel Barroso embauché par Goldman Sachs), l’UE a-t-elle vraiment besoin des Wilders et autres Le Pen pour se tirer une balle dans le pied ? Sans oublier que l’actuel président de cette même Commission est l’ancien Premier ministre de ce qui est perçu par l’écrasante majorité des citoyens européens – même si cela ne fait pas plaisir aux Luxembourgeois – comme un paradis fiscal qui permet aux grandes entreprises d’échapper à l’impôt.

Une question vient alors à l’esprit. Faut-il vraiment s’étonner qu’un nombre croissant d’Européens accordent leur voix aux plus virulents contempteurs de l’UE ? Les journalistes et les dirigeants politiques portent souvent un regard paternaliste et méprisant sur ces électeurs. Ils ne seraient au fond que de stupides citoyens guidés par leurs plus sombres émotions telles que la peur et la haine. Ne pourrait-on pas voir dans leur vote plutôt un choix finalement rationnel contre ce qu’ils considèrent comme une oligarchie ne défendant pas les intérêts des hommes et des femmes ordinaires ?

Nicolas Klein