Accueil | Editoriaux | Parlons sport

Parlons sport

Les Jeux olympiques de Rio sont une bonne occasion de voir si le traitement des femmes avance dans les médias. Et il semblerait que non. En France des plaintes ont été déposées auprès du CSA sur des remarques racistes et sexistes de la part des commentateurs. Difficile en effet pour les médias de parler uniquement des résultats sportifs des athlètes féminines, il faut toujours en rajouter une couche sur leur apparence physique, leur statut marital, quand leur succès n’est tout simplement pas occulté par le travail de leur coach, masculin lui. La comparaison est flagrante dans les commentaires ou les articles qui sont consacrés aux athlètes masculins où on parle là uniquement de performances, de réussite, en bref de sport.

Il ne s’agit pas d’une simple observation biaisée, car une étude de l’université de Cambridge publiée il y a quelques jours confirme cela. L’étude en question s’est penchée sur la couverture médiatique anglophone des Jeux olympiques en analysant l’utilisation des millions de mots relatifs aux hommes et femmes qui participent aux épreuves sportives. Les hommes sont déjà plus généralement mentionnés, une médaille d’or masculine a plus de poids médiatique que celle d’une femme dans la même discipline. Et quand on parle de discipline, on précise qu’il s’agit d’une épreuve féminine, quand on ne précise pas, c’est qu’il s’agit d’une épreuve réalisée par les hommes. Soit. L’étude prend en exemple le tennis, qui a fait de gros efforts en termes d’égalité.

Les primes sont désormais les mêmes, le tennis masculin et féminin sont sur un pied d’égalité en termes de traitement. Pourtant l’étude démontre que les médias parleront plus volontiers de la longueur de la jupe d’une joueuse plutôt que de ses chances d’obtenir une médaille d’or. Alors revenons à l’essentiel, une sportive n’est pas seulement une maman ni la femme de, elle est avant tout une athlète qui est là pour qu’on parle de ses performances et de ses titres gagnés, à l’égal de ses homologues masculins.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)