Le réseau routier secondaire entre la Lorraine et le Luxembourg sature à son tour. C’est le constat fait par Le Républicain lorrain en début de semaine, après avoir interrogé les maires à la frontière. C’est le constat fait par notre journal vendredi, avec cette une sur un chemin barré aux frontaliers par la commune de Schengen. Quel symbole. Mais on les comprend, ces bourgmestres agacés par les bouchons! Ils payent pour une situation qui les dépasse. Et qui, pourtant, aurait pu être anticipée. Comme on peut d’ailleurs l’anticiper d’ici 2030.
Faisons le calcul sur un coin de table : 135 000 frontaliers français au Luxembourg d’ici 2030 (estimation retenue lors du sommet franco-luxembourgeois de Paris). Donc, 38 000 de plus qu’aujourd’hui. Soit, pour chaque jour ouvré… 13 frontaliers français de plus au Luxembourg jusqu’en 2030. Chaque jour ouvré, oui! Et en partant du principe que cette estimation correspond à une fourchette basse. Les améliorations réelles sur le rail n’arriveront pas avant 2019-2021 (nouveaux quais en gare de Luxembourg), voire 2022 et le doublement des voies entre Bettembourg et Luxembourg. La voiture? On vous le dit, même le réseau secondaire sature. Et les travaux qui doivent démarrer en 2019 pour la mise à trois voies de l’A3 (qui prolonge l’A31) n’arrangeront pas les choses.
Où va-t-on, sans même raisonner jusqu’en 2030? Il y a des indicateurs bien plus préoccupants que les bouchons. Comme ce chiffre, évoqué par l’Adem mardi : l’augmentation de 14,4 % des offres d’emploi non pourvues au Luxembourg sur un an. Le président de la Fédération des industriels, Nicolas Buck, évoquait lui-même des difficultés de recrutement au sein de son entreprise lors d’une conférence. On peut y voir un problème d’adéquation de la main-d’œuvre (informatique, etc.). On peut s’inquiéter d’un énorme problème de perte démographique à venir dans le «réservoir» de la Grande Région (600 000 actifs de moins sur vingt ans selon le Sillon lorrain). Mais, in fine, les transports ne sont-ils pas aussi en cause, propres à dégoûter les candidats?
Hubert Gamelon