L’attaque terroriste dans une église de France a fait couler beaucoup d’encre. Après les attentats qui ont tué des foules à l’aveugle, cet assassinat d’un prêtre a choqué les chrétiens et a relancé des polémiques sur les musulmans sommés de se poser en rempart contre l’islamisme radical. C’est dans un contexte pour le moins tendu que le pape François s’est exprimé. «Si je dois parler de violences islamiques, je dois aussi parler de violences chrétiennes», a-t-il dit. Assez vague pour ne pas savoir de quoi il parle exactement, mais assez puissant pour qu’il se porte solidaire des musulmans, les vrais.
Si les catholiques ont le pouvoir de renier les brebis galeuses et de faire le ménage de par leur hiérarchie, ils n’ont par exemple que trop tardé en ce qui concerne les scandales de pédophilie à travers le monde, une violence indiscutable. Pour ce qui est des musulmans, l’absence de hiérarchie et d’union au sein des «dirigeants» est une épine dans le pied de ces derniers. Ainsi, n’importe quel crétin peut s’autoproclamer imam et enrôler des jeunes en mal d’aventures avec un discours complètement erroné de l’islam. Le texte sacré est comme les deux autres, la Bible et la Torah, relativement difficile d’accès et propice à des interprétations très différentes ou à des contresens. Il faut des années d’étude pour en percer les secrets et guider les fidèles.
La phrase du pape François a néanmoins été entendue comme un message de paix et d’ouverture, ce qui n’a pas plu aux racistes de tout poil qui veulent justement opposer les deux religions en clamant que seuls les musulmans prônent la violence. Cette prise de position est salvatrice pour que le clivage ne se creuse pas entre les fidèles de différentes religions sous le prétexte de minorités qui n’ont rien à voir avec la majorité silencieuse. Si le musulman moyen est sans doute fatigué de devoir se justifier encore et encore de pratiquer sa foi en toute quiétude, les intellectuels et les grands pontes du monde musulman doivent eux pointer la supercherie intellectuelle que vend Daech à ses adeptes.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)