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Où va l’Allemagne ?

Faut-il s’inquiéter que l’extrême droite intègre le prochain gouvernement allemand? La question mérite d’être posée après une semaine où les conservateurs de l’union CDU/CSU ont délibérément cherché et trouvé le soutien de l’AfD pour obtenir un durcissement – tout à fait symbolique – de la politique migratoire. L’alliance s’est reformée vendredi pour faire adopter, avec les libéraux (FDP), une proposition de loi visant à freiner l’immigration. Il a fallu la rébellion d’une trentaine d’élus pour empêcher qu’une nouvelle majorité se forme.

Le texte rejeté de justesse ne change toutefois rien au fait qu’un tabou a été brisé. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les partis modérés traditionnels ont toujours exclu une coopération avec l’extrême droite. Aujourd’hui, ce «cordon sanitaire» est fortement abîmé. Pour preuve, l’AfD a clamé qu’une «nouvelle ère», forgée et dirigée par l’extrême droite, venait de commencer. Vendredi, son triomphalisme a pris un coup, mais les dés sont loin d’être jetés. Le verdict tombera au soir du 23 février, jour des élections législatives anticipées. Les chances de l’AfD, créditée de plus de 20 % dans les sondages, de sortir deuxième des urnes, ont certainement augmenté cette semaine. CDU et CSU sont pointées à 30 %, pour le moment.

Le va-tout tenté par le chef de file des conservateurs Friedrich Merz, grand favori pour devenir le prochain chancelier, risque en effet de nuire à son propre parti, mais aussi à la démocratie dans son ensemble. Il a voulu se positionner comme un homme fort, après la récente série d’actes de violences impliquant des étrangers. La volonté de fermer durablement les frontières pour refouler d’office chaque migrant sans ticket d’entrée valable, y compris des demandeurs d’asile, ne constitue cependant pas une solution. Sans parler du fait qu’une telle action viole la libre-circulation, fondement de l’UE.

Où va donc l’Allemagne? L’alliance avec l’extrême droite a détérioré la confiance des potentiels partenaires de coalition de la CDU/CSU : les sociaux-démocrates du chancelier sortant Olaf Scholz et les Verts. Un scénario autrichien n’est donc plus à exclure, où les conservateurs, initialement opposés à toute collaboration, vont nouer une coalition avec l’extrême droite.

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