Ils poussent des cris d’orfraie depuis une semaine et la tentative de coup d’État en cours au Niger. Derrière les troubles qui agitent Niamey, où les manifestants – très jeunes pour la plupart – laissent éclater toute leur colère dirigée en particulier contre la France, «la main de la Russie» tire les ficelles, pointent les Occidentaux.
La main et le bras tout entier, du reste. Les drapeaux ne sont certes pas arrivés là par hasard, au gré du vent. Les Russes ont mis le pied dans la porte du continent africain depuis bien longtemps. Pour s’engouffrer dans les brèches, partout où règnent l’instabilité politique et le chaos sécuritaire.
Pour autant, les putschs ne sont pas ourdis dans les couloirs du Kremlin. Puisque Moscou n’a rien de plus à faire que garder un œil attentif sur toutes les régions en crise et tirer profit de la situation au moment propice. Actuellement aussi au Soudan en guerre, hier au Mali et au Burkina Faso dont les gouvernements ont été renversés. Il y a dix ans, quand les Européens prenaient à peine conscience de la menace islamiste, Poutine envoyait ses mercenaires de Wagner faire le sale boulot en Syrie et étendre ses zones d’influence.
La question du terrorisme, précisément, nourrit le principal motif d’hostilité envers la présence militaire française au Sahel. Accusée d’avoir davantage attisé les feux qu’éteint les foyers jihadistes qui ont bien repris çà et là. D’avoir plutôt siphonné les précieuses ressources de pays dans lesquels le monde entier vient se servir que contribué à leur essor économique.
Les populations locales ont aujourd’hui le sentiment de reprendre leur destin en main en se libérant de l’étreinte des anciennes puissances coloniales. Une aspiration légitime. Quitte à se laisser enserrer entre les griffes d’un néo-impérialisme. Sans doute s’en mordront-elles les doigts tout aussi fort. Pour l’heure, les promesses ont été déçues et la bonne parole démocratique est prêchée dans le désert.
Comble de l’ironie : quand l’Occident espère acheter la paix par le biais de l’aide au développement et à la coopération, Poutine se paye le luxe de faire l’aumône aux Africains en lâchant gracieusement quelques cargos de céréales. L’opportunisme, ça ne coûte pas grand-chose.
Alexandra Parachini