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On vise (encore) la Lune

Étienne Schneider parti à la retraite (politique), il revient désormais à François Bausch de viser la Lune. Non, le ministre de la Mobilité ne reprend pas en main l’initiative du Luxembourg visant à exploiter des ressources spatiales, mais une campagne publicitaire place l’introduction de la gratuité des transports publics au Grand-Duché à la même échelle que «le premier pas sur la Lune». Rien que ça !

Jeudi, lors du lancement officiel de la mobilité gratuite, le ministre s’est contenté d’évoquer un «grand jour» pour le pays. Le Luxembourg va en effet devenir le premier pays au monde à rendre gratuite l’utilisation du train, du bus et du tram. La décision a été largement saluée sur le plan international, y compris par le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Bernie Sanders. Mais comparer la gratuité des transports en commun au «premier pas sur la Lune», à «l’invention de la roue» ou au «premier tour du monde» semble quand même exagéré.

L’artiste Serge Tonnar l’a bien résumé jeudi : «On est très modestes, enfermés entre un complexe d’infériorité et la mégalomanie.» Décider de rendre gratuits les transports publics est certes audacieux. Face à des vents contraires, le ministre de tutelle ne cesse de s’efforcer de relativiser l’initiative : non, la gratuité ne solutionnera pas les problèmes de mobilité que connait le Luxembourg. Il s’agit d’un élément supplémentaire dans le cadre d’une stratégie globale pour rattraper un retard conséquent.

Ce message n’est pas toujours enregistré ou compris. Mais avant de songer à aller décrocher la lune, le chemin à parcourir et le travail de persuasion à accomplir sont titanesques, d’autant plus que le Grand-Duché reste un pays peuplé par de grands amoureux de l’automobile.

Au moins, la campagne aura eu pour effet qu’une large frange de la société se consacre aujourd’hui aux avantages et aux inconvénients d’une mobilité plus durable. Il s’agit d’un premier pas pour réussir le changement de cap visé.

David Marques