Un pur hasard du calendrier? Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, soutenu par son collègue Max Hahn (Famille et Accueil), a officialisé jeudi la mise en service d’une première Maison de retour au Luxembourg. Cette annonce intervient quelques jours après l’attentat de Solingen en Allemagne, perpétré par un demandeur d’asile syrien débouté. L’auteur présumé de l’attaque s’est radicalisé alors qu’il ne devait plus se trouver sur le territoire allemand.
Outre-Moselle, ce tragique événement a relancé de plus belle les débats sur une politique migratoire beaucoup plus restrictive, avec un concours d’idées et de propositions émanant du monde politique, dont une grande partie frôlent la violation des principes du droit européen et international, voire les entravent. D’autres risquent de se limiter au simple effet d’annonce. Une interdiction élargie du port d’armes blanches en public en est un exemple. Il est invraisemblable que des terroristes ou islamistes s’abstiennent de passer à l’acte uniquement en raison d’une réglementation, d’autant plus que la police ne dispose ni des ressources ni de compétences illimitées pour fouiller les personnes.
Parmi les autres solutions présumées pour endiguer l’immigration illégale, vue par certains comme une des raisons d’une récente série d’attaques au couteau en Allemagne, figurent des expulsions renforcées, y compris vers des pays comme la Syrie ou l’Afghanistan. Aucun des politiciens qui avancent ce genre de revendications, notamment des bords extrémistes de droite et de gauche, ne détaille comment mener des négociations avec le dictateur Bachar al-Assad ou le régime des talibans. Un stop généralisé à toute arrivée de réfugiés syriens et afghans en Allemagne sera aussi difficilement réalisable.
Au Luxembourg, ce genre de discussions n’a pas cours. Pour l’instant ? En tout cas, le ministre Léon Gloden n’a pas caché depuis son entrée en fonction vouloir resserrer les boulons afin d’expulser plus systématiquement les personnes en séjour irrégulier. Est-ce que la nouvelle Maison de retour pourra accomplir la promesse d’un encadrement social et digne des demandeurs d’asile déboutés, en priorité pour les familles avec enfants ? Malgré le besoin d’agir, il s’agira du strict minimum.