Replongeons au temps des fanzines de science-fiction, du cinéma d’anticipation en noir et blanc, avec ses effets spéciaux à deux sous… À l’époque, les journalistes et les scientifiques en étaient certain, la fin du XXe siècle verrait la réalisation de nos rêves les plus fous : l’homme voyagerait alors dans des voitures volantes, aurait comme voisin un cyborg et irait passer ses vacances sur la lune…
Hélas, en cette 16e année après le bug raté de l’an 2000, on se déplace toujours grâce au moteur à combustion, nos robots de compagnie sont des jouets télécommandés et le tourisme spatial se limite à des vols paraboliques pour de riches amateurs de sensations fortes…
Bref, la grande aiguille du progrès a défilé moins vite que prévu. Mais l’homme n’abandonne pas si facilement ses rêves… comme celui de coloniser la Lune. L’Agence spatiale européenne (ESA) a récemment sorti un projet de village lunaire. Car la Lune dispose d’eau sous forme de glace et de montagnes exposées en permanence aux rayons solaires. Une eau qui pourrait être transformée en hydrogène et en oxygène, donc en carburant et en air, tandis que des imprimantes 3D et des panneaux photovoltaïques pourraient fournir matériaux et énergie. Bref, on trouverait sur place presque tout ce qui est nécessaire pour abriter et alimenter la vie.
Mais ces colonies seraient surtout un lieu idéal pour expérimenter la vie extraterrestre, observer l’univers, préparer d’autres missions spatiales, en lançant des engins spatiaux depuis un sol à la gravité six fois moindre. On trouve aussi beaucoup de minéraux rares sur la Lune : or, platine, palladium… et hélium 3.
Rare sur la Terre, cet isotope de l’hélium s’accumule en revanche sur la Lune et pourrait permettre – enfin – la création d’une énergie nucléaire propre et rentable, car il ne produit pas de déchets radioactifs et a un rendement énergétique élevé. Une navette remplie d’hélium 3 représenterait ainsi l’équivalent d’un milliard de barils de pétrole en énergie!
Si bien que des entrepreneurs privés et de grandes puissances regardent à nouveau notre satellite avec envie. Le vieux rêve lunaire est de retour, bien que teinté d’un pragmatisme plus terre à terre…
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)