Encore un coup de canif au modèle luxembourgeois et un manque de respect aux syndicats représentant les salariés du pays. L’OGBL et le LCGB sont montés, une nouvelle fois, au créneau hier pour fustiger les initiatives du gouvernement concernant une réforme des heures d’ouverture dans le secteur du commerce de détail et des métiers de bouche. De 5 h à 22 h en semaine, de 5 h à 19 h les samedis, dimanches et jours fériés… ça promet. Pour les syndicats, cette libéralisation va lourdement affecter les 50 000 employés de ces secteurs. La flexibilité du travail poussée à outrance a ses limites. Attention, ça risque un jour de casser.
C’est au compte-goutte, comme le précisent les syndicats, que le gouvernement distille ses réformes du travail, mais aussi du modèle social grand-ducal. Peut-être pour faire passer plus facilement la pilule? En tout cas, il s’agit de régressions permanentes pour les employés, qui vont devoir, selon les syndicats, se plier bien souvent malgré eux au travail dominical et aux horaires décalés. Alors que, comme le soulignent l’OGBL et le LCGB, ce secteur emploie un personnel à forte proportion féminine, dont beaucoup de monoparentaux, et dépend de la main-d’œuvre frontalière. La flexibilité ira de pair avec une fragilité supplémentaire pour certaines salariées. Et que dire de la concurrence «déloyale» pointée encore une fois du doigt par les représentants des travailleurs. Les grandes enseignes vont pouvoir rapidement s’organiser pour combler la nouvelle grille des horaires. Les petits commerces et les artisans, quant à eux, auront toutes les peines du monde à s’adapter au même rythme. Qui vont être les gagnants avec cette nouvelle loi?
La limite commence à être atteinte avec les syndicats, qui fustigent ces initiatives en ordre dispersé du gouvernement qui aurait pu négocier toutes ces questions en même temps au sein du Comité permanent du travail et de l’emploi (CPTE). Pour l’OGBL et le LCGB, le gouvernement évite le dialogue social pour passer en force. Peut-on leur donner tort? L’année 2025 s’annonce chaude. Plus la coalition CSV-DP avance ses pions, plus le bloc syndical se solidifie. Une grande mise au point risque d’avoir lieu l’an prochain.