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«Non», mais alors ?

Une circonscription unique au lieu de quatre, un mode de répartition des sièges parfois critiqué, un Parlement des jeunes qui revient à la charge pour un droit de vote accessible aux plus de 16 ans… Les législatives à peine terminées, voilà que le scrutin fait encore débat. Et les thèmes sont variés. Le déficit démocratique lui aussi s’invite dans ces discussions quand on considère que seuls 35 % des résidents du pays se sont exprimés le 8 octobre pour choisir leurs représentants.

Des tentatives ont bien eu lieu, évidemment, pour tenter de décloisonner cette expression politique limitée à quelques-uns qui décident pour beaucoup. Mais l’étau est resté fermement serré après le triple «non» du fameux referendum de 2015 : «non» au vote à partir de 16 ans, «non» au vote des étrangers (non-luxembourgeois ayant résidé au moins 10 ans dans le pays et ayant déjà participé aux élections législatives communales et/ou européennes) et «non» à la limitation des mandats des ministres à dix ans. Pourtant, rien n’est gravé dans le marbre et il ne faudrait pas s’imaginer que le débat est clos. Loin de là.

Car le pays avance vite. Que ce soit au niveau économique, mais aussi démographique. Il veut attirer encore et toujours pour poursuivre sa marche en avant et assumer ses ambitions aux niveaux européen et mondial. C’est très bien, mais il va falloir aussi que le Luxembourg se réinvente concernant son mode de fonctionnement politique. Combien de temps faudra-t-il attendre ? Que seuls 25 % de la population s’exprime pour choisir sa Chambre des députés et donc un gouvernement «représentatif» des attentes du pays ?

Le sujet est évidemment brûlant, parfois même tabou, mais il va falloir le courage de le mettre sur la table. Le Luxembourg a toujours su faire preuve d’innovation dans bien des domaines, il devrait bien trouver un modèle pour réussir à synthétiser l’esprit d’un pays si divers qui n’aime pas trop l’immobilisme ! Au futur gouvernement de plancher dès maintenant sur le sujet et d’aller au-delà des antichambres consultatives permettant de savoir ce que pense l’autre grande partie du pays qui ne peut s’exprimer. Le temps presse.