La police luxembourgeoise va bientôt pouvoir s’amuser sur les autoroutes du pays avec deux belles petites Tesla Model S de 700 chevaux. Deux belles machines pouvant atteindre les 100 km/h en 3,3 secondes. De quoi faire trembler les Fangio de la route… à condition qu’au moment de la course poursuite la Tesla ne soit pas au bout de son autonomie. Mais admettons. D’autant que l’argument ayant motivé cette future acquisition, prévue à l’automne, s’inscrit dans la volonté de développer la mobilité électrique au sein des services de l’État et donc des forces de l’ordre.
L’intention est louable, mais le choix d’opter pour des Tesla à minimum 100 000 euros pièce est plus que discutable. Regardons un peu ailleurs. La police de Los Angeles a également eu la même volonté, mais a choisi des BMW i3, moins rapides, dédiées à des tâches dites non urgentes. Un choix responsable puisqu’une BMW i3 coûte entre 30 000 et 40 000 euros, soit le tiers du prix d’une Tesla Model S. Au prix d’achat de cet engin, il faut ajouter le coût de l’entretien, la location des batteries et le coût des bornes de recharge. N’oublions pas non plus qu’un véhicule de police ayant pour mission l’interception sera exposé à des accrochages mettant à rude épreuve la carrosserie. Là aussi, c’est un poste de dépense à prévoir. Bref, cette acquisition est un beau cadeau de Noël avant l’heure, mais surtout un beau gaspillage d’argent, alors que cette somme, environ 200 000 euros, aurait pu servir à acheter d’autres équipements bien plus utiles aux forces de l’ordre.
Certains diront que ce raisonnement est démagogique. Les Allemands ont des bolides Porsche et BMW, les Italiens, deux Lamborghini Huracan, et les Français, une Renault RS, alors pourquoi pas le Luxembourg. La différence étant que ces marques et ces modèles sont le reflet d’une industrie automobile nationale. Bref, on est bien loin de la décision du bon père de famille, mais très proche d’un caprice d’adolescent gâté qui a demandé un appareil photo professionnel à 5 000 euros pour faire des selfies en vacances.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)