Cela fait plus de 16 ans désormais que Guy Hellers a jeté les bases du Centre de formation national du football à Mondercange, un projet initié sous Henri Roemer. À l’époque, cela faisait déjà un bail que toute crédibilité s’était évaporée, que l’Europe entière se moquait ouvertement de tout ce qui touchait au ballon rond sous nos latitudes et c’était bien normal : les pieds qui tapaient dedans étaient devenus carrés. Que de railleries méritées a-t-il fallu supporter, depuis le tournant du siècle, alors même que le CFN formait ses premières générations de joueurs sans paniquer…
Ça a été long, douloureux, ingrat parfois. Des hommes y ont usé leur patience et leurs compétences, mais ça y est, depuis dimanche et le match nul 0-0 contre les Bleus, on sait que ça en valait la peine. Car ce point arraché à Toulouse n’est ni le fruit du hasard ni un évènement vain. Il a fallu des millions d’heures passées sur la plaine de Mondercange, les sacrifices de centaines de gamins, de l’acharnement à lutter contre les réflexes grégaires de footeux qui se rêvaient professionnels… mais refusaient de quitter le nid. Il y a eu beaucoup de déceptions, quelques larmes et, à force d’acharnement, la FLF est parvenue à constituer un vivier qui ne doit plus rien désormais au hasard générationnel.
Mais, ces derniers temps, elle ne l’a pas fait toute seule. C’est depuis que les clubs ont décidé pour eux-mêmes que l’amateurisme pouvait rester un style de vie assumé, mais pas une excuse à la médiocrité, qu’ils se sont mis à bosser avec la même ambition qu’à Mondercange. Et c’est quand leurs efforts ont rencontré ceux des instances fédérales que le vrai choc a eu lieu. On le savait que le football, lentement, renaissait, qu’il était en ordre de marche, mais il manquait un exploit pour le matérialiser et porter la bonne parole à tout un pays. L’histoire retiendra que c’est un dimanche 3 septembre que la sélection nationale a signé l’un des trois plus grands exploits de son histoire plus que centenaire. L’onde de choc a secoué le pays : il n’y a plus de fatalité en football à l’intérieur des frontières nationales.
Aujourd’hui, l’effet d’inertie est dépassé. Les joueurs partis à l’étranger ne sont pas l’exception, mais la norme chez cette élite grandie avec le souci de se réaliser. Ceux qui sont au pays rêvent d’en partir et c’est pourtant chez eux, sur le territoire national, quand les Roud Léiwen se rassemblent, que les retombées s’en font sentir.
Julien Mollereau