La chronologie n’était pas forcément claire au moment de l’annonce, mercredi dernier, par la CSSF, d’une amende de près de 5 millions d’euros infligée à la Banque et Caisse d’épargne de l’État (BCEE).
n cause, des «lacunes d’ordre structurel et systémique» dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Ces négligences semblent avoir pleinement profité aux escrocs venus plumer Caritas. Les plus de cents virements frauduleux, signés par l’ex-directrice financière, n’ont déclenché aucune alerte particulière.
La sanction prononcée par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) ne date cependant pas du 30 juillet, mais du 2 mai. Les dirigeants de la banque ont été informés de la décision trois jours avant de se présenter, le 5 mai, devant la commission parlementaire spéciale consacrée à l’affaire Caritas.
Les reproches formulés par certains députés disant que les représentants de la BCEE ont «menti» aux élus prennent aujourd’hui de l’ampleur. La directrice générale de la Spuerkeess, Françoise Thoma, avait, en effet, clamé que «les règles et procédures de la banque ont été respectées dans le cadre du dossier Caritas». Se pose aussi la question de savoir si le Premier ministre, Luc Frieden, était au courant de l’amende au moment d’échanger avec les membres de la commission, le 19 mai.
Qui est à blâmer? Certainement les responsables de la BCEE. Des têtes risquent de tomber, comme l’a suggéré le député Laurent Mosar (CSV), collègue de parti du ministre des Finances, Gilles Roth.
La CSSF a fini par communiquer, tardivement, mais sans avoir l’obligation de le faire. Passons à la Chambre, qui a renoncé à mettre en place une commission d’enquête, qui a le pouvoir de convoquer des acteurs et de les interroger sous serment.
L’argument était de ne pas s’immiscer dans l’enquête judiciaire en cours. Le format d’une «simple» commission spéciale, sans pouvoirs particuliers, s’est toutefois avéré insuffisant.
Et le gouvernement? Dans le camp du CSV et du DP, on espérait que le dossier politique était clos, après la fin des travaux de la Chambre sur l’affaire Caritas. Une affaire qui va pourtant rebondir dans les jours et semaines à venir, que ce soit au Parlement ou dans les rangs de l’exécutif.