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Ne nous fâchons pas

Drôle de visite. Les questions tournent encore dans les têtes après la venue du ministre français Benjamin Haddad jeudi dernier au Luxembourg.

Y a-t-il un changement d’atmosphère de l’autre côté de la frontière? Cela est vraisemblablement le cas. Pour Paris, le concept gagnant-gagnant du travail frontalier a fait son temps.

Le déséquilibre est devenu trop grand au fil des années et la France s’estime maintenant largement lésée par cette situation. Le pays ne veut plus (ne peut plus?) accompagner le développement économique du Grand-Duché à ses dépens.

Quand on dit «accompagner», on parle bien entendu des près de 130 000 frontaliers français qui franchissent la frontière chaque jour, la plupart formés dans leur pays d’origine et qui font aussi la richesse du Luxembourg. Souvenons-nous : ils n’étaient que 75 000 en 2010… et un peu plus de 5 000 en 1980.

Le sujet fâche assurément. Il blesse et vexe de part et d’autre de la frontière. Il met à mal la relation de bon voisinage qui existe depuis des décennies entre la Lorraine et le Luxembourg.

Mais il faudra bien trouver un terrain d’entente, car le nombre de frontaliers français va encore augmenter ces prochaines années et les doléances vont devenir de plus en plus pressantes de l’autre côté de la frontière.

Et qui sait quel gouvernement nos voisins vont choisir dans environ deux ans? Mystère. Déjà, au niveau local, les élus français alertent et interpellent de façon toujours plus insistante.

Dans les communes le long de la frontière par exemple. Elles connaissent des soucis de logement, des prix immobiliers en hausse et des équipements qui ont du mal à suivre l’explosion démographique (écoles, crèches…).

Fin novembre, c’est le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle qui a, pour la première fois, adopté un rapport pour faire évoluer la coopération franco-luxembourgeoise. L’assemblée a demandé une compensation financière relative aux frontaliers. Oui, revoilà l’idée de la compensation.

Toutes ces demandes crispent. Il ne faudrait pas qu’elles nous divisent. Et demander à l’une ou l’autre partie de se taire et d’obtempérer ne sera pas la meilleure méthode. France et Luxembourg se connaissent trop pour se fâcher. Du moins, espérons-le. 

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