Le Parti pirate sera-t-il encore vivant pour célébrer son 15e anniversaire, qui est fixé au mois d’octobre? Rien n’est moins sûr en ce début du mois d’août, après trois semaines de remous qui poussent la formation politique au bord du gouffre. Il s’avère que le fondateur et la figure de proue Sven Clement se retrouve assez isolé, même s’il assure ne pas encore avoir dit son dernier mot. Dans l’autre camp, Marc Goergen a engagé un bras de fer avec son collègue député. Ce dernier affirme avoir davantage de soutiens au sein du parti que Sven Clement. «Il tient à son bébé, mais son bébé ne tient peut-être plus à lui», indique l’élu sudiste dans notre Interview du lundi.
Le naufrage semble imminent pour un parti qui avait pourtant le vent en poupe après l’année électorale 2023. Sortis renforcés des communales, d’aucuns voyaient déjà les pirates intégrer le prochain gouvernement. En cause, des sondages qui leur prédisaient jusqu’à sept sièges. En fin de compte, la percée est restée limitée, avec un troisième mandat décroché dans le Nord. Le 15 juillet dernier, l’image d’un parti qui monte en puissance a volé en éclats. Selon Marc Goergen, «tout a explosé» avec la démission-surprise du néodéputé Ben Polidori. Dans les jours qui ont suivi, le duo d’élus restant s’est accusé mutuellement de tous les torts. Malversations financières, abus de confiance, harcèlement de collaborateurs… La liste est longue. Et le divorce entre Sven Clement et Marc Goergen semble consommé.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Marc Goergen garde cependant une porte ouverte. La «sale situation» dans lequel se retrouverait aujourd’hui le Parti pirate pourrait aussi être «une chance de pouvoir repartir sur des bases saines, même avec Sven, s’il est d’accord pour changer son caractère». «On peut avoir un avenir ensemble, en tant que parti et même à la Chambre des députés. Il doit laisser de l’air pour les autres», renchérit le coordinateur des pirates.
Le silence radio prévaut cependant depuis la mi-juillet entre les deux hommes. Il est aujourd’hui très difficilement imaginable de retrouver les deux élus côte à côte lors de la rentrée parlementaire, en tirant sur une même corde, dans l’intérêt d’un parti, qui doit éviter de couler pour de bon.