« Viens, frère, on va au paradis. Nos femmes nous y attendent, avec des anges comme serviteurs. Tu auras un palais, des rivières de miel, un cheval ailé fait d’or et de rubis… »
Oula, on tient un sérieux concurrent à Kim-Jung-Un. Vous savez, ce nord-coréen si éloigné des besoins terrestres qu’il n’a «nul besoin d’uriner ou de déféquer», et qui «parle aux dauphins».
Mais non, ce délire capillotracté n’est pas sorti de la chevelure audacieuse du boudin qui se prend pour bouddha, mais de la barbe d’un jihadiste. En l’occurrence, Oussama, jeune Franco-Turc qui promet un voyage cinq étoiles. Il suffit d’un clic sur le détonateur, et boum, allé direct au paradis, promet-il à ses kamikazes en herbe (documentaire Soldats d’Allah, diffusé en mai sur Canal +).
Hélas, il faut toujours lire les petits caractères du contrat. D’abord, la tête de gondole, les 72 vierges, sans lesquelles les candidats ne se bousculeraient pas. Bien sûr, on sait que ce genre de barbus ont des goûts particuliers, mais on ne saurait trop leur conseiller, pour atteindre dignement le 7ème ciel, la compagnie de femmes consentantes, plutôt que de prépubères inexpérimentées.
Quant au palais, pour avoir souvent vu des cabanes à pigeon au prix du 5 étoiles, je me méfierais, surtout sans commentaires clients ni photos. Le cheval ailé fait d’or et de rubis ? S’il vous plait… Les délires des nababs nous plongent déjà dans un enfer esthétique sur Terre, épargnez au moins le paradis. Des rivières de miel ? Plutôt risqué pour piquer une tête. Avec tous les chérubins ailés qui voltigent dans les airs, on risque vite de se transformer, une fois encore, en pigeon. Pensez-donc, lors d’une orgie tartinée au miel sur dos de licorne doré, l’angélisme risque d’y perdre des plumes…
Oui, pardon, c’est mal de se moquer. Chacun est libre de croire ce qu’il veut, même au paradis des kamikazes, disent les plus tolérants, la bouche en cœur. Sauf que cette interprétation délirante du Coran, condamnée par tous les spécialistes, fait des ravages. Littéralement. Que peut-on donc faire, sinon en rire ? Ce rire, rappelait Umberto Eco dans Le Nom de la rose, qui est l’ennemi de toute doctrine fanatique, car il «tue la peur», n’en ayons plus… peur.
Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)