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Mise en garde royale


En amont de la fête nationale, de nombreuses questions sur l’identité du Luxembourg ont émergé. Mais une nouvelle fois, la diversité, principale richesse du pays, prônée dans les discours solennels, a été papable lors des célébrations de samedi et hier. Ce mélange interculturel entre Luxembourgeois pure souche et d’adoption est qualifié à juste titre de «style particulier» par le président de la Chambre des députés, Fernand Etgen.

L’ouverture d’esprit qui caractérise donc la population luxembourgeoise constitue à la fois une chance et un défi. Le Grand-Duc Henri en personne s’est montré hier «très heureux» de se trouver à la tête d’une «nation diversifiée» mais qui n’«est pas divisée». Faire pérenniser cette unité est essentiel. Le souverain se dit convaincu que le Grand-Duché pourra continuer d’écrire son histoire à succès, à condition de ne pas répéter les erreurs commises par d’autres pays.

Très ouvertement, le Grand-Duc Henri a prononcé un discours à connotation politique pour dénoncer la montée du populisme et des extrémismes en Europe. La racine du mal résiderait dans l’apparition d’un ressentiment d’avoir été lâché par la société. «Le sentiment d’injustice ou de déclassement» conduit, selon le chef de l’État, «à des comportements irréfléchis», notamment sur les réseaux sociaux. Il condamne ces «excès» tout en lançant une mise en garde royale aux responsables politiques du Luxembourg. Personne ne devrait avoir le «sentiment d’être délaissé durablement au bord de la route», insiste le Grand-Duc, sans quoi les divisions qui émergent dans nos pays voisins pourraient finir par toucher le Grand-Duché.

Le message est sans équivoque. On pourrait maintenant se demander si le souverain a violé son obligation à la neutralité, mais sur le fond, son analyse est juste. La hausse continue du risque de pauvreté constitue en effet un problème majeur pour la stabilité du pays. Encore trop souvent, cette réalité semble être négligée par les députés et ministres. Comme en matière climatique, il est toutefois temps d’agir. Maintenant.

David Marques