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Miroir aux alouettes

La scène est insupportable et se déroule trop souvent sur nos routes. Une voiture file curieusement à 70 km/h entre Esch-sur-Alzette et Dudelange sur l’A3. Il fait nuit et elle semble ralentir encore. Les conducteurs, derrière elle, déboîtent et la doublent en se demandant ce que peut bien fabriquer cet automobiliste. C’est simple : il a les deux coudes qui bloquent le volant et a les deux mains sur son smartphone, juste devant les yeux. L’appareil illumine son visage et ses pouces écrivent un message. Un long message.

Ce type de situation, nous sommes nombreux à l’avoir vécu avec des autos qui zigzaguent bizarrement sur les voies, des coups de frein intempestifs, des décélérations sans raison, des voitures qui roulent subitement sur une partie de la bande d’arrêt d’urgence avant qu’un coup de volant ne les remette au milieu de la bonne voie. Exaspérant.

Depuis jeudi et jusqu’à samedi inclus, nous célébrons les Journées mondiales sans téléphone. C’est l’occasion de le mettre définitivement dans la boîte à gants quand on prend la route. Selon la Sécurité routière luxembourgeoise, téléphoner au volant multiplie par trois le risque d’accident. Lire ou écrire un message en conduisant multiplie par 23 le risque d’accident. Oui, 23 !

Elle rappelle aussi qu’envoyer un message nécessite de quitter cinq secondes la route des yeux. C’est assez pour un drame. Près d’un accident corporel sur dix est lié à l’usage du téléphone au volant. Les chiffres sont éloquents. Il est temps d’avoir une prise de conscience. Notre monde hyperconnecté a ses limites… pour l’instant.

Mais, en attendant les voitures autonomes, il est conseillé de tenir le volant des deux mains et surtout de regarder la route et sur les côtés et de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. Si vous ne pouvez pas décrocher de vos smartphones quand vous vous déplacez, le bus et le train sont faits pour vous.

Le smartphone au volant est passible d’un retrait de quatre points sur le permis et de 250 euros d’amende. La punition est-elle assez sévère ? Du 13 au 18 mai dernier, la police grand-ducale avait effectué une vaste action de contrôle des smartphones au volant. Bilan : 300 amendes en six jours. La loi doit-elle être revue ?