Dans le jargon automobile, faire un burn-out consiste à faire du surplace en mettant la gomme. Les pneus surchauffent, fument et s’usent sur le macadam. Chez les humains, c’est à peu près pareil, sauf que dans la plupart des cas, le burn-out est silencieux. Il s’insinue, se nidifie comme si de rien n’était dans l’organisme. Le parasite jusqu’au jour où on ne reconnaît plus la personne dans le miroir, le hamster dans sa roue qui court, court, court… mais dont la roue tourne toujours plus lentement, plus difficilement.
Jusqu’au jour où tout devient compliqué, où le bruit, les autres, les tâches maintes fois répétées, les injustices, les conflits deviennent insupportables, insurmontables. On ne se comprend plus, alors comment se faire comprendre des autres ? Jusqu’au jour où les crises d’angoisse étouffent, paralysent, terrorisent.
Heureusement, comme on peut réparer un pneu, on peut réparer un corps, un esprit, grâce à l’écoute, à la compréhension, au temps, à la volonté et à la résilience. Encore faut-il être bien entouré sur les plans médical, social et professionnel. Le burn-out, on en parle beaucoup, de plus en plus, pourtant, en pratique, peu de personnes parviennent à lui coller un visage.
Les patrons pensent que les employés abusent, prennent des vacances à leurs frais… Certains ne cherchent pas à comprendre, n’en ont pas l’envie ou l’intérêt. Une personne en burn-out n’est pas un tire-au-flanc ou un fou bon à enfermer, c’est juste une personne épuisée par une situation ou des conditions à un moment donné de sa vie. Un burn-out est un épisode, pas une maladie honteuse.
La guérison passe par du repos, mais aussi par un accompagnement des personnes concernées et une sérieuse introspection de leur part. Dès lors, une meilleure prise en compte des risques psychosociaux sur le lieu de travail et une meilleure prévention s’imposent. Le burn-out devrait être reconnu comme une maladie professionnelle pour créer un cadre, mais aussi libérer les personnes concernées de ce sentiment d’être aux yeux de tous des malades imaginaires.