Voilà seize jours que le procès hors norme de «l’affaire Pelicot» est au centre de toutes les attentions, en France comme à l’étranger. Médias présents en masse, live tweets sur le réseau social X, manifestations aux quatre coins de la France… À l’image d’autres sinistres affaires comme celle du petit Grégory dans les Vosges ou de Jonathann Daval en Haute-Saône, c’est un véritable tourbillon qui entoure ce jugement, inédit.
Cinquante hommes sont en effet accusés d’avoir violé la même femme, Gisèle Pelicot, droguée à son insu par son mari, également mis en cause, pendant une dizaine d’années. Des faits inqualifiables, invraisemblables, impardonnables. Un véritable coup de massue pour cette femme, qui pensait jusqu’alors vivre un mariage heureux, depuis près de 50 ans.
Depuis une dizaine de jours pourtant, Gisèle Pelicot est devenue, malgré elle, un symbole. Un symbole de la lutte contre les violences sexuelles. Un symbole de force et de dignité face à la culture du viol, sept ans après MeToo. Celle qui a explicitement demandé que les audiences soit ouvertes au public voit son visage peint sur les murs, repris dans les manifestations féministes (mais faut-il vraiment se qualifier de «féministe» ici pour soutenir cette femme?) et reste omniprésente sur les chaînes d’information en continu.
Certains préféreraient voir les noms des présumés violeurs, leurs visages jetés en pâture à la foule pour que «la honte change de camp». C’est entendable. Moi, je préfère regarder Gisèle. Admirer ce courage et cette dignité. Car même derrière ses lunettes de soleil teintées, Gisèle reste droite, garde la tête haute. Et fait front.
Face aux 51 accusés (dont 35 nient toujours les faits, rappelons-le), aux médisances, aux soupçons de complicité même, Gisèle ne se dérobe pas et franchit les portes du tribunal d’Avignon chaque jour. Gisèle est une leadeuse, forte, qui ne peut que nous inspirer. Il y a eu un «avant» et il y aura un «après» l’affaire Pelicot, c’est certain. Pour le meilleur, espérons-le. Alors, merci Gisèle.