Mis sous pression, le Premier ministre a fini par lever un coin du voile sur la réforme prévue des pensions, à l’occasion de sa déclaration sur l’état de la Nation. Une semaine plus tard se pose la question de savoir si Luc Frieden n’est pas allé trop vite en besogne, avec la présentation de pistes et de calculs qui semblent ne pas avoir été suffisamment travaillés. La levée de boucliers qui a suivi était inévitable. Les critiques s’abattent surtout sur l’intention de prolonger les années de cotisation, ce qui forcerait les quadragénaires d’aujourd’hui à devoir travailler jusqu’à cinq ans de plus que leurs aînés pour toucher une pension. Afin de stabiliser la situation financière du régime, le gouvernement songe à utiliser des fonds émanant de la taxe carbone, destinés à accompagner les plus vulnérables dans la transition verte. La pension minimale ne sera pas revue à la hausse.
Il reviendra ce matin à la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, de calmer les esprits en détaillant davantage quelles sont les «grandes orientations» visant à assurer la soutenabilité de l’assurance pension. L’effort risque d’être vain. Les critiques continuent en effet de fuser de toutes parts. Même au sein du CSV de Luc Frieden et de Martine Deprez, le ton est en train de monter. Comme l’ont relevé hier nos confrères du Tageblatt, des membres du comité exécutif du Parti chrétien-social ont déploré une communication malheureuse de la part du Premier ministre. Un dossier mal préparé aurait fait perdre les pédales à Luc Frieden au moment de répliquer aux partis de l’opposition – en toute fin d’un débat marathon à la Chambre. Son partenaire de coalition, le DP, a affiché son soutien aux pistes présentées, tout en émettant une réserve en ce qui concerne l’impact réel des ajustements sur les jeunes. Les jeunes du CSV et du DP se sont joints à la critique générale émise par leurs homologues d’autres partis, fustigeant le fait que la jeune génération sera la seule à subir les effets de la réforme à venir.
Avant même d’avoir déposé un projet de loi, le gouvernement conservateur-libéral s’éloigne du large consensus espéré sur la réforme des pensions. Seule une plus grande ouverture au dialogue peut encore limiter les dégâts.