Depuis maintenant plus d’un an, la méfiance s’est propagée aussi vite que le coronavirus. Une méfiance vis-à-vis des autres au début. L’individu qui est à côté de moi dans ce supermarché a-t-il le coronavirus ? Puis-je toucher cette poignée de porte sans risquer de tomber malade ? Cette personne revenant d’un pays lointain est-elle contaminée? Puis, cette méfiance a également touché les pouvoirs publics pris dans un tourbillon de mesures et de contre-mesures pour tenter de juguler cette pandémie qui emportait tout sur son passage. Il faut le dire, le premier confinement a été incroyablement respecté par tous. Mais, les choses se sont vite gâtées par la suite. Colère contre les nouvelles restrictions mises en place, colère à cause des fermetures de commerces, colère à cause des limitations de mouvement… la méfiance envers les autorités démunies contre le Covid-19 est allée grandissante au fil des mois.
Aujourd’hui, la campagne de vaccination bat son plein en Europe et au Grand-Duché et la méfiance risque de refaire son apparition. À nouveau. Cette fois-ci, elle peut mettre à mal la stratégie pour venir à bout rapidement de l’épidémie. Mercredi, le ministère de la Santé a annoncé qu’une enquête avait été ouverte après la mort d’une personne de 74 ans le 10 avril. Elle avait reçu une dose d’AstraZeneca le 23 mars. Une thrombose serait liée à son décès. L’enquête ne fait que commencer, mais voilà qui fragilise la réputation de ce vaccin. Le produit d’AstraZeneca a été impliqué dans d’autres morts suspectes liées à des thromboses et cela a obligé certains pays à modifier les conditions de son utilisation… voire à l’interdire comme c’est le cas au Danemark depuis mercredi. Pour tenter de rassurer, autorités politiques et sanitaires parlent parfois froidement de bénéfice-risque concernant ce remède comme s’il pouvait gommer des esprits les morts possibles liées à ce vaccin. Ce n’est pas suffisant. Ce ne sera jamais suffisant. Personne ne peut imaginer risquer sa vie, même si ce risque est infime, en s’injectant intentionnellement quelque chose dans le corps. Il faudra faire mieux pour rassurer que de demander encore un sacrifice après plus d’un an de lutte contre le coronavirus.
Laurent Duraisin