On pouvait s’y attendre… Pourquoi les partis de l’opposition n’auraient pas le droit d’imiter le Premier ministre, Xavier Bettel, s’étant exprimé, mardi, au nom des trois partenaires de la coalition gouvernementale? Si la déclaration sur l’état de la Nation a eu des allures de programme électoral que le DP, le LSAP et déi gréng souhaitent mettre en œuvre lors de la prochaine législature, les répliques du CSV, de l’ADR, de déi Lénk et du Parti pirate se sont transformées pour de bon en meetings électoraux. Avec une solide dose de règlements de comptes en plus.
Que retenir donc de cette semaine politique chargée, avec coup sur coup le grand oral du chef du gouvernement et la présentation du budget de l’État 2023? Sur le fond, on peut certainement faire mieux, aussi bien dans le camp de l’opposition que dans celui de la majorité. Se rejeter mutuellement la faute pour de (supposés) manquements afin de marquer de (supposés) points auprès de l’électeur est un stratagème bien huilé, mais le risque est de perdre de vue les véritables enjeux. Cela est d’autant plus vrai que le Luxembourg est confronté à un contexte d’incertitude qui dépasse de loin celui de la crise financière de 2008 et 2009, mais aussi celui du début de pandémie en 2020.
Le gouvernement et les partis de la coalition ont certainement raison de renvoyer vers les 5,5 milliards d’euros mobilisés pour amortir au mieux l’impact de la crise sanitaire et de la crise énergétique. Cette somme ne doit cependant pas servir d’excuse à tout. Le même constat vaut pour l’opposition qui reproche à la majorité d’avoir omis de mettre de côté une pomme pour la soif en cas de crise. En particulier un CSV qui s’est toujours fait un grand plaisir de sortir l’arrosoir. Le fait que les finances publiques tanguaient en 2013 n’est pas une fatalité.
Jusqu’à présent, le Grand-Duché a réussi à bien maîtriser ce début de décennie, marqué par des crises sans véritable précédent. Il existe toutefois des maux plus profonds, jamais vraiment résolus, qui anéantissent une partie des efforts financiers considérables. Continuer à se rejeter la faute, lors de meetings électoraux improvisés, ne permettra certainement pas d’aller de l’avant.