Accueil | Editoriaux | Mauvais raccourcis

Mauvais raccourcis

Les commentaires habituels n’ont pas tardé à fuser. «Maintenant qu’une grande partie des gens sont vaccinés, les chiffres atteignent à nouveau ceux de l’an dernier. La vaccination n’a donc servi à rien.» Cet internaute se réfère au constat dressé  mercredi matin par la ministre de la Santé selon lequel les courbes montrant la propagation du coronavirus sont comparables à celles d’octobre 2020. «Comparables» ne veut cependant pas dire «identiques». Les courbes prennent en effet une direction semblable, mais les chiffres absolus diffèrent fortement.

Dans ce cas précis, Paulette Lenert n’est pas forcément à blâmer pour une communication défaillante. La phrase décisive a en effet été formulée quelques secondes plus tôt. Oui, le Luxembourg se trouve confronté à une quatrième vague d’infections, mais «les effets ne sont pas les mêmes qu’en 2020». Le nombre de cas positifs et les hospitalisations sont  inférieurs aux niveaux atteints il y a un an. Le bénéfice en revient très largement au vaccin anticovid. Il est aujourd’hui incontestable que le sérum freine très clairement le virus. Certes, le vaccin n’apporte pas une protection hermétique. Une possible transmission et le risque de tomber gravement malade se réduisent toutefois de 8 à 15 fois, comme cela a été précisé hier par la ministre Lenert.

Les chiffres sont clairs, même si la comparaison des cas pour 100 000 habitants ne simplifie pas leur interprétation. Mais ici aussi, le choix des autorités sanitaires se justifie, car les seuls pourcentages de vaccinés et non-vaccinés ayant contracté le virus ou ayant été hospitalisés ont aussi mené à de fausses conclusions selon lesquelles le vaccin n’offrirait pas une véritable plus-value. Tout effort pour prévenir ce genre de mauvais raccourcis, créés de préférence par les coronasceptiques, est important pour faire avancer la lutte contre le covid.

Les chiffres positifs cités ci-dessus ne doivent cependant pas induire en erreur. Les infections et hospitalisations sont sur une pente ascendante. Pour l’instant, les 75 % de vaccinés suffisent encore pour éviter un nouveau tsunami. Il suffit de regarder hors de nos frontières pour constater que la situation peut rapidement dégénérer. Le moyen de renforcer la digue est bien connu…

David Marques